Scène française
Julien Doré Ersatz
Ersatz : le 1er album de Julien Doré
Le premier album du gagnant cathodique de la Nouvelle Star 2007 présente son premier album !
Dans ma main, le premier album du gagnant cathodique de la Nouvelle Star 2007. J’ai hâte d’écouter. Ben oui, ça fait un an que j’attendais ça, comme les croyants attendent le messie. Car comme beaucoup, j’avais succombé l’an dernier au style déjanté-étudié du fameux chanteur à la barrette. J’avais aimé ces primes où Ju-Ju nous faisait simplement halluciner, explorer des chemins musicaux encore si peu exploités à la télé… Bref, j’étais comme une petite fille qui attend le Père Noël, pas pour le voir mais pour avoir son cadeau. Et mon cadeau, Doré l’a baptisé Ersatz. Bien sûr, comme beaucoup, j’avais eu un avant-goût avec Les limites, joli single complètement barré. Un peu ce qu’attendait le public !
Au risque de décevoir certains, le reste de l’album offre bien autre chose… Si le premier single est donc à l’image de ce qu’avait pu nous offrir Julien Doré lors du télé-crochet de M6, les autres chansons sont bien loin de l’univers que l’on pouvait espérer. C’est peut-être d’ailleurs pour cela que de nombreuses critiques ont été très négatives à l’encontre du chanteur. Mais même si, moi aussi, j’aurais pu être déçue, je me suis vite rendue compte que cet album est un pur chef d’œuvre de création.
Chaque chanson offre une part de la personnalité de Julien Doré. Car Ju-Ju, ce n’est pas seulement le mec complètement barré qui saute de partout et qui hurle dans un micro. C’est aussi un mec sensible, à l’humour cynique et ironique, comme il nous le confie dans sa chanson Les bords de mer. En fait, les paroles de toutes les compositions de cet « ersatz » sont simplement ahurissantes. Je peux comprendre que cela puisse déplaire, car les mots, les phrases employés sont presque parfois incompréhensibles, même pour les plus aguerris.
Cela se passe toujours comme ça avec les artistes issus des Beaux-Arts. Ils sont dans leur monde, il ne faut pas essayer de les comprendre, juste les accepter. Et d’ailleurs cet album plaira ou ne plaira pas. Tout comme Julien. Julien que j’aurais presque envie de comparer (oui, en France, on adore les comparaisons, histoire de nous rassurer) à Serge Gainsbourg, à qui d’ailleurs il rend hommage avec SS in Uruguay. Serge Gainsbourg a été longtemps décrié de son vivant: trop comme-ci, trop comme ça, pas assez comme ci, pas assez comme ça… Bref, rien n’allait. Et puis, quand il est mort, il est devenu un auteur-compositeur-interprète hors du commun. Je retrouve du Gainsbourg dans le Doré. Il sait offrir des textes décalés, uniques, mais qui se retiennent facilement. Julien a cette grâce artistique (il le prouve avec « First Lady« ), qui en fait un chanteur hors catégorie.
Ce qui est fou, c’est que du haut de ses 26 ans, il a déjà acquis une maturité musicale exceptionnelle. Le dandy trendy a su s’entourer pour ce premier opus des jeunes de Cocoon, mais aussi et surtout des grands Arno et Christophe (« Bouche pute« , « Pudding morphina« ) avec qui il partage tant sur le plan musical. Alors, merci Julien Doré de nous offrir quelque chose de neuf, d’innovant, de décalé…
Merci de dépasser « Les limites« , « ça irrite (peut-être) les braves gens pleins de raisons« , mais cela pour le plus grand bonheur de ton public, qui est sûr que tu seras toujours évoluer dans le bon sens pour tes prochains opus…
Sony/Bmg Jive