pop-rock
The Cure – 4:13 Dream
Album 13, 4 ans après…
A l’aube de sa quatrième décennie d’existence, le groupe The Cure revient dans les bacs avec son treizième album « 4:13 Dream ». Un retour très attendu par les fans et par les autres aussi, tant on dit tout et son contraire sur la bande à Robert Smith. The Cure ressuscité, The Cure définitivement enterré, certains saluent le renouveau des anglais qui ont marqué les années 80, alors qu’à l’opposé, d’autres ne voient là que le chant du cygne d’un groupe mort depuis longtemps. Et si « 4:13 Dream » échappait tout simplement à ces considérations existentielles ?
Critiquer un album de The Cure est devenu, aujourd’hui, un exercice bien difficile. Et comprenez « critiquer » dans le sens littéral du terme, à savoir estimer, juger, observer, évaluer. Une partie de la presse spécialisée se plait à descendre quasi systématiquement en flèche toute nouvelle sortie de studio d’un Robert Smith devenu un quinquagénaire bedonnant et sa formation qui n’est plus l’originelle. L’autre partie se défend, au contraire, de toucher au sacré, se refuse d’écorner l’icône The Cure, son leader restant le génie qu’il a toujours été. Seul trait commun entre ces deux points de vue, la comparaison. Personne ne peut s’empêcher de chercher des similitudes entre The Cure des années 2000 et The Cure de la glorieuse époque où le groupe anglais révolutionna le monde avec sa new wave, sa cold wave, son post punk, sa pop psychédélique et glaciale, appelez ça comme vous voulez.
Vous pourrez donc lire ça et là, à propos de ce treizième album des Cure, « 4:13 Dream », dans des titres de renom comme sur le plus basique des sites internet, qu’il ne faut pas attendre de ce nouvel album un nouveau « Faith » ou un nouveau « Pornography ». Mais dès les lignes suivantes, vous trouverez, détaillés un par un, les titres de ce nouvel album, avec pour chacun leur comparaison à The Kiss, Three Imaginary Boys, Lullaby, Boys Don’t Cry, In Between Days ou Freakshow. Evidemment, tout cela est vrai. Mais faut-il attendre dans chaque nouvel album d’Indochine un nouvel Aventurier ? Faut-il demander à Franz Ferdinand un nouveau Take Me Out ? Faut-il entendre chez les White Stripes des éternels Seven Nation Army ? Faut-il reprocher à Deep Purple de ne pas avoir composé uniquement des Smoke On The Water ? Robert Smith a pris du poids, certes, alors faut-il encore l’alourdir avec des casseroles, fussent-elles en cuivre ou en or massif ? Et si on prenait ce « 4:13 Dream » comme un album, tout simplement. Un treizième album qui marque le retour de Porl Thompson à la guitare, après 14 ans d’absence au sein du groupe. Un album retardé à maintes reprises, dont la sortie était initialement prévue au début de l’année 2007 et qui ne débarque qu’en cette fin de 2008.
« Je ne sais rien avec certitude, mais la simple vue des étoiles me fait rêver« . Cette citation de Van Gogh figure au bas du livret qui accompagne « 4:13 Dream ». Comme un message de Robert Smith aux fans du groupe et aux autres. Autrement dit, chers amis, vous ne savez rien. Que vous soyez fans, gothiques, punks ou simples curieux, vous ne savez pas ce que sont réellement les Cure, parce que Robert Smith lui-même, finalement, ne le sait pas non plus. The Cure a toujours été un groupe en perpétuelle évolution tout en restant immédiatement identifiable. Un groupe aux multiples formations et aux styles tout aussi multiples avec un son qui lui est resté propre. Vous qui êtes allés voir The Cure en concert, non plus, vous ne pouvez pas juger. Sur des centaines de prestations live, vous êtes tombés sur une mauvaise, alors vous avez clamé à qui voulait l’entendre que The Cure était mort. Tel un Morandini musical, vous avez balancé LE scoop de l’année, sans prendre soin de vérifier si vous aviez raison. Et si vous étiez à Paris en mars dernier vous êtes restés scotchés après les trois heures de concert que vous ont offert Robert Smith, Porl Thompson, Simon Gallup et Jason Cooper ? Vous avez donc hurlé à la cantonade que The Cure était de retour, comme avant. Mais The Cure, après tout, plus qu’un mythe, ce sont des hommes. Avec leur âge, leur génie et leurs faiblesses. Mettez donc tout ce que vous savez de côté, écoutez ce nouvel album et rêvez. Dites-vous simplement que ce « 4:13 Dream » est bien meilleur que l’album précédent, sorti en 2004, mais peut-être plus mauvais que le prochain.