Scène française
Interview Corneille
Interview Corneille
Corneille a toujours souhaité des titres pleins de sens pour chacun de ses albums. Mais, à la veille de sortir son quatrième opus, le chanteur a sobrement décidé de baptisé son nouveau-né « Sans titre« .
Apparemment, il y a eu pas mal de remise en question pendant ces trois ans ?
Pas mal de remise en question. J’ai fait un bilan des 6 ans où je suis passé de l’anonymat à la notoriété. J’ai tout réévalué, mon métier, les raisons pour lesquelles je faisais mon métier, comment je voulais continuer à le faire… C’est là dedans que se trouve la genèse de cet album, qui est le résultat de cette remise en question.
Tu as toujours été l’auteur de ta vie d’ailleurs.
C’est là-dessus que j’écris le mieux. Peut être qu’un jour je vais découvrir la fiction et trouver que j’y ai un talent. J’ai toujours trouvé facilement une inspiration dans mon vécu, cet album ne fait pas exception. Sauf que le procédé a complètement changé, puisque j’ai coécrit cet album avec mon épouse Sofia. C’est une expérience qui m’est venue quand on a fait son album en anglais, ses textes m’inspiraient des musiques tellement facilement et spontanément que j’avais envie de renouveler l’expérience sur cet album.
Qu’est-ce que ça a donné, cette collaboration en toute intimité ? Ça a ouvert des portes ?
Ça a ouvert des portes. Il faut savoir que mon problème, une des raisons pour lesquelles je n’ai jamais fait de vraie collaboration sur mes albums précédents, que je n’ai jamais travaillé avec d’autres auteurs, compositeurs ou producteurs et que j’ai toujours fait ça tout seul, c’est que j’ai un problème de confiance. Je surprotège ma musique, qui m’est tellement précieuse que la création nécessite un cadre de confiance totale. J’apprends aujourd’hui que ça m’a peut-être privé de nouvelles idées, qui auraient pu enrichir encore plus ma musique. Aujourd’hui je suis plus ouvert à ça. Il fallait que ça soit une personne en qui j’ai complètement confiance. C’est dans ce cadre très intime que j’ai pu trouver l’ouverture d’esprit de collaborer et de laisser entrer les idées de quelqu’un d’autre. Comme je fais 100% confiance à Sofia et qu’elle ne m’épargne pas – elle ne passe pas par quatre chemins – on sent une volonté d’aller droit au but pour dire les choses. Mais c’était seulement dans ce cadre que c’était possible.
Il y a un titre qui est une bonne introduction à cet album, c’est Ma comédie, où tu dis « Ma comédie est une belle pièce de survie, on fait comme ci, on fait comme ça, puis arrive le jour où il faut fermer les rideaux pour un rôle, un rôle dans la vraie vie« .
Oui. Je parlais du bilan de ces 6 dernières années. Ma comédie parle du masque que j’ai dû porter pour continuer à plaire. Quand tu vas à la rencontre d’un public pour la première fois, que les gens chantent en coeur tes chansons, et que c’est tout ce que tu as – c’était mon cas -, à un moment donné, tu veux continuer à plaire à ces gens qui viennent te voir en concert, qui te reconnaissent dans la rue parce qu’ils t’apprécient et dont tu as besoin. Je voulais à tout prix ne pas les décevoir et même si j’ai des choses à dire qui les surprendraient, je vais m’empêcher de le faire. Ma comédie parle du mensonge que je me suis dit à moi-même. Je suis rentré dans un personnage. Peut-être que c’est une comédie qu’on joue tous, moi j’ai été forcé de la jouer dans les médias, sous la loupe, un peu plus qu’un autre. J’ai appris à m’en distancer, à trouver un équilibre. Ma comédie n’est pas du tout un rejet du succès que j’ai eu, dont je suis très reconnaissant, mais plutôt une façon de dire que j’ai envie de me retrouver, de retrouver la personne derrière le personnage.
Tu abordes des thèmes un peu difficiles, il y a une chanson en particulier sur laquelle je crois que tu t’es beaucoup focalisé au moment de l’écriture, c’est Voleuse de lendemain. Au-delà de ça, tu disais une chose par rapport au Rwanda, la chanteuse Asa dit la même chose du Nigéria à savoir que sur les sujets délicats et sensibles, la loi du silence règne là bas.
Il y a une loi du silence. Voleuse de lendemain parle de l’abus des enfants. C’est un sujet très tabou. Ça part d’une expérience personnelle. Quand j’ai commencé à en parler, je me suis rendu compte à quel point c’était malheureusement commun. C’est très tabou en Afrique, mais ça l’est aussi en Occident. On va en parler en parlant d’un autre, mais j’ai envie de dire que c’est presque malheureusement dans toutes les familles, sauf que c’est très caché. C’est très diabolique dans le sens où ça se passe dans un cadre intime plutôt que dans des circonstances violentes. Pour les enfants, c’est toujours dans un cocon, dans la famille, ça brouille les cartes et ça devient très malsain. On n’en parle pas beaucoup. Quand on en parle, ce sont souvent des femmes ou des jeunes filles qui sont abusées. Mais les jeunes garçons ne le disent pas, et pourtant il y en a autant. J’avais envie d’en parler, c’est peut être quelque chose d’encore plus personnel que ce que j’ai pu dire sur le génocide. C’est très tabou, surtout en tant qu’homme, on se sent complètement vulnérable, et ça ne se dit pas. Mais je me suis rendu compte que c’était très commun.
Le traumatisme, quand on grandit, est omniprésent.
C’est le traumatisme dont il est le plus difficile de se défaire. On ne comprend pas, vu les circonstances dans lesquelles ça se passe, où finit l’affection, les belles intentions affectives et d’amour, et où commence la perversion, où ça commence à devenir bizarre. C’est ça le problème, ça laisse un traumatisme, jusqu’à ce qu’on puisse y faire face. Ça affecte tous les aspects de ta personnalité. On n’est pas équipé pour se battre contre. Moi j’ai perdu ma famille, c’est quelque chose d’un peu plus évident à identifier, j’avais l’impression que ça ne m’appartenait pas vraiment, c’est arrivé à des centaines de milliers de gens et je n’y étais pour rien. Alors que l’abus, on a toujours cette culpabilité, on a l’impression qu’on y est pour quelque chose et c’est peut-être pour ça qu’on le nie encore plus férocement que n’importe quoi d’autre.
Il y a cet amour qui a mal, et l’amour, tu es carrément un prêcheur du mariage !
Je fais l’apologie du mariage. J’ai grandi avec des parents, c’est tout ce que j’ai connu jusqu’à l’âge de 17 ans, qui étaient ensemble depuis la fin de leur adolescence et ils étaient mariés depuis 18 ans. C’est tout ce que je connais, pour moi ça fait partie de l’ordre normal et naturel des choses. Je ne peux pas porter de jugements sur la manière dont les autres voient le mariage, chacun a son expérience, moi c’est ma réalité. Je fais l’apologie du mariage parce que c’est une institution qui se fait de plus en plus désuète. Ce n’est plus « in », c’est moins cool, et encore plus en Amérique du Nord. J’en fais l’apologie, parce qu’il y a quelque chose de très enrichissant dans l’idée de s’engager auprès de quelqu’un. Moi, il y a des leçons de vie que je n’aurais jamais pu apprendre si je n’avais trouvé une autre personne avec laquelle j’avais envie de créer une famille, une cellule où régnerait la confiance. Le mariage n’est rien d’autre que le symbole de ça. On peut s’attarder sur tous ses autres cotés négatifs, le manque de réalisme qu’il y a dans le fait de s’engager auprès de quelqu’un pour la vie, mais ce n’est rien d’autres que le symbole de la volonté de construire un cadre où la confiance règne, parce qu’on se donne, on se met au grand jour, on se rend vulnérable. L’idée de la séparation est moins une option, une loi dit que ce n’est peut être pas une bonne idée, surtout en Amérique où ça coute très cher ! Je ne pense pas qu’on soit assez intelligent pour être libre à 100%, je pense qu’il faut cadrer certaines choses, trouver le juste milieu, et s’adapter aux époques qu’on vit. Je trouve que le mariage est une institution fondée sur une très belle idée, après, il faut le faire pour les bonnes raisons, et être sûr que la personne qu’on choisit correspond bien à nos valeurs. Il y a beaucoup de critères qui doivent être en place, ce n’est pas quelque chose qu’on fait pour faire comme les autres. Mais il y a quelque chose de très beau dans l’idée. On parlait de laisser tomber le masque, toutes les choses qui se retrouvent dans cet album, les remises en question qui m’ont permis de grandir, je n’aurais jamais pu les faire ailleurs que dans ce cadre là où j’étais 100% engagé envers une autre personne. Tu es forcé d’évoluer, de t’améliorer, parce que ton couple et ton mariage en dépend. On grandit là dedans. En dehors de ce cadre, il est plus facile de se dire « Je ferais le nécessaire pour exister, et le reste… ». C’est ce que je pense en tout cas, c’est ma réalité, et je tiens ce discours parce que je n’ai connu que ça, mes parents m’ont inculqué ça, ça fait partie de mes valeurs.
Ton amour t’a porté jusqu’à faire confiance à ta femme en tant que réalisatrice, c’est elle qui a fait le clip de ce premier single ?
Oui, Sofia a un oeil et un sens du visuel exceptionnel, j’en ai fait l’expérience sur mon album en anglais. Au moment de choisir les photos, je ne voyais pas la couverture d’album. Elle en a vu une, qui me paraissait très ordinaire. Elle l’a recadré, et c’était une vraie couverture. Elle a un sens du visuel très aiguisé, beaucoup plus que moi. On avait envie de dire quelque chose dans ce premier clip, qui correspond bien aux temps qu’on vit. D’une part, il reprend la manière dont on regarde le clip et les vidéos de manière générale, de plus en plus sur le net, YouTube, et compagnie. L’idée nous est venue par ce phénomène des gens qui veulent se faire connaitre, qui se mettent sur un sofa avec une guitare et qui commence à chanter. Cette ouverture, cet accès facile à ces millions de personnes qui sont sur YouTube tous les jours, on avait envie de faire quelque chose qui corresponde à ça. Et on voulait dire quelque chose sur les moyens d’une industrie qui est en train de se prendre une claque. Je me suis dit que ça serait bien si un artiste de ma condition disait qu’on n’a pas forcément besoin de dizaines ou centaines de milliers d’euro pour la réalisation d’un clip, parce qu’on n’a plus les moyens, il faut dire ce qui est. Dans les débats sur le téléchargement, les consommateurs se demandent s’il n’y a pas assez d’argent dans l’industrie. Non, il n’y en a plus. Les caisses sont en train de se vider. Je voulais être cohérent avec ça. Il faut repenser notre façon de faire, repenser à la manière dont on fait les budgets de la réalisation de l’album, d’un clip, des visuels. Je trouvais que c’était un bon clin d’oeil à la crise globale et aussi à la crise que l’industrie musicale est en train de vivre. J’aimais l’idée de faire un retour en français, depuis 2005. On m’a connu avec des clips très léchés, avec une influence américaine évidente. J’avais envie de couper là dedans, de faire quelque chose de différent.
Même musicalement, on peut dire que tu cherches à briser la chapelle dans laquelle on t’a mis au départ. Finalement, Corneille devient pop !?
Je pense que je l’étais déjà dans l’esprit, dans le sens où on dit « pop » quand c’est populaire et que ça touche un public assez large. Je pense que très tôt dans ma carrière ça a été ça, dans mes concerts, j’ai toujours eu un public pop, il n’y a rien de péjoratif là dedans. Je suis fier de pouvoir dire que j’ai une musique qui ne touche pas qu’un public. Je suis toujours très heureux de voir dans mes concerts que c’est vraiment pour les gens de 7 à 77 ans. J’ai toute cette palette de gens là, autant au niveau des classes sociales que des appartenances ethniques et religieuses. C’est ça, « pop ». Pour prendre un exemple trop facile, Michael Jackson c’était un peu ça, les Beatles aussi, ce n’est plus du rock aujourd’hui mais de la pop. Ça n’enlève rien à la qualité de ce que ces gens là ont fait artistiquement. Ça ne me dérange pas de m’inscrire là dedans, je pense que je l’ai toujours été. Après, c’est une pop qui ne ressemble à aucune autre, surtout en français, je le revendique haut et fort, parce que je viens d’une école soul et RnB, et qu’en même temps il y a un sous texte de musique world qui vient du fait que je suis Africain et qu’étant gamin, j’écoutais toutes ces musiques que les jeunes écoutent partout en Afrique. C’est une rencontre de toutes mes cultures, ma pop à moi.
Tu aimes aussi garder ce côté « live », très présent dans cet album. Le côté live est omniprésent dans cet album.
Je suis accro à cette vie que le live apporte à la musique, au son d’un album, j’en ai besoin. Je ne suis pas sûr qu’un jour je vais arriver à faire quelque chose de purement électro, parce que je suis un peu accro au son organique. Ceci dit, pour celui-ci, je me suis laissé aller un peu, j’ai expérimenté avec un électro vintage des années 60, dans la recherche de la nouveauté, pour enrichir ce que je fais, évoluer, et faire en sorte que ce que je fais aujourd’hui ne ressemble pas à ce que j’ai fait sur le premier ou le deuxième album. C’est aussi parce que comme c’est un album plus up tempo, plus rythmé, avec beaucoup de cuivres, une influence soul et funk plus évidente, je me suis dit que j’avais de la marge pour y injecter un peu d’électro et expérimenter ça. Ça a été un plaisir de le faire sur cet album.
Il y a une remise en question, on en parlait au début de l’interview, au niveau de l’entourage. Tu pourrais peut être nous expliquer ce qui s’est passé, côté business, avec Le parasite ? Ça a l’air assez explicite, c’est vraiment du vécu.
Oui, Le Parasite, c’est vraiment du vécu. C’est un vécu qui part d’un thème particulier qui dépasse mon vécu à moi. Dès le début de ma carrière, j’ai été arnaqué par un mec soit disant éditeur qui m’a pris une partie des éditions, après je me suis rendu compte que c’était plus ou moins frauduleux. Ça a commencé par ça, et tout le long de mon expérience, jusqu’à deux-trois ans, je me suis rendu compte que je fais un métier dans une industrie très perverse. Les créateurs sont ceux qui portent l’art, par le biais des médias, au public. On est à la fois le créateur et le produit. On est autant produit que ce qu’on crée. C’est très malsain. Etant produit nous même, on devient les générateurs de revenu, les bases sur lesquelles cette industrie est assise, et ça attire énormément de gens, ça devient très alléchant pour ceux qui ont envie de vivre un rêve par procuration. L’industrie de la musique est pleine de ce genre d’individus, ce qui est dommage, parce que ça rend le climat très lourd, et il est très difficile de créer dans ces conditions. On nous rappelle constamment qu’il faut qu’on soit rentable, il faut tout faire pour rendre cette industrie la plus viable possible commercialement. En tant qu’être humain, on est les instruments premiers de cette machine, ce qui est très malsain. En même temps, ces gens là donnent un mauvais nom à un métier, car c’est un métier que de soutenir les artistes : producteur, manager, éditeur, sont des vrais métiers, et il y a des gens qui le font très respectablement, avec passion, qui n’ont pas d’autres idées derrière la tête que de soutenir cet art. Il y a toute une génération d’artistes frustrés qui mettent tout le monde dans le même sac et qui commencent à s’imaginer qu’ils peuvent tout faire tout seul. Avec les nouvelles technologies, ils se disent que, comme ils ne peuvent plus faire confiance à personne, ils sont autonomes. Mais la musique et l’art gagneraient à avoir des artistes qui ne s’occupent que de la création, et à avoir des gens qui s’occupent du développement, du coté business de la chose. A côté de ça, il y a aussi des parasites qui rendent la tache impossible, la chanson parle un peu de ça.
Quelques mots sur Star vite fait : « Je t’ai voté au monde » ?
Surtout en Amérique du Nord, la téléréalité, c’est n’importe quoi. Dans l’histoire de la télé, toute personne, présentateurs, artistes qui chantent à la télé, tous ces gens là passaient systématiquement de l’anonymat au Stardom. Il y a quelque chose dans la nature de ce média qui élève les gens très facilement. La seule différence, c’est qu’aujourd’hui, n’importe qui peut être élevé à ce niveau là. Il y a tellement de shows de téléréalité qui brouillent les cartes ! Etre star aujourd’hui ne veut plus du tout dire la même chose qu’il y a quelques années. C’est encore la faute de l’industrie et du parasite, je suppose, qui veut faire de l’artiste quelqu’un de supérieur, très superficiellement le mettre dans une catégorie à part et faire en sorte qu’il devienne comme un animal dans un zoo. Tu payes pour aller le voir, tu payes pour qu’il t’appartienne. C’est un jeu qu’un certain public fanatique aime. Je pense que j’ai un public qui aime ma musique. A coté de ça, quand j’ai connu beaucoup de succès, je pense que certaines personnes venaient vers moi juste parce qu’elles m’avaient vu à la télé. Ils n’avaient aucune idée de ce que je chantais. La télé contribue à ça. On demande un autographe à quelqu’un qui fait son métier avec passion, qui ne s’intéresse qu’à sa musique, pas à quelqu’un qui vient de sortir d’une émission de téléréalité. J’avais envie de rire de ça. Ça rit aussi des artistes qui jouent le jeu, parce qu’on a envie de plaire, qu’on continue à acheter nos disques et à venir nous voir en concert. On nous a fait croire que plus on est aimé, plus ce qu’on crée a de la valeur, ce qui est complètement faux. On n’est pas nécessairement ce qu’on crée, on est aussi des personnes à part entière. Nous, les artistes, jouons le jeu dans la plupart des cas. Le public, forcément, dit « Puisque vous êtes des produits, à partir du moment où je paye, vous m’appartenez ». C’est une chanson qui parle un peu de ça. J’avais envie d’en rire, de ne pas traiter ça trop sérieusement.
Pour terminer, il y a un titre d’album Sans titre. Ça dit tout.
C’est un album que j’aurais pu appeler « Sans étiquette », mais ça aurait été moins drôle. L’exercice de trouver un titre à un album peut être très facile, d’un coup une idée peut arriver. Sur celui-ci, une fois terminé, Sofia et moi avions écrit tous les textes, j’avais enregistré, la musique et la prod étaient faites, le mix était en cours, et quand on s’est assis pour chercher un titre, l’exercice s’est révélé impossible pour une raison que j’ignore. Sur mes précédents albums, ça avait été possible. Je m’étais contenté de prendre un des titres des chansons. Celui-ci non. Là dedans j’ai trouvé une façon de m’affranchir, de revendiquer une certaine autonomie et le droit de ne pas étiqueter mon album. 10 chansons avec un son et des thèmes qui changent d’une chanson à l’autre… comment trouver l’accroche ? C’est l’exercice de trouver une accroche pour bien vendre l’album, pour bien dire ce que c’est. On a eu plein d’idées, qui n’étaient pas appropriées pour cet album. Ça dit aussi quelque chose de fort. C’est comme poser la question : pourquoi titrer systématiquement, juste parce qu’il le faut ? Si on est inspiré tant mieux, mais si on passe une heure à chercher un titre parce qu’il faut… Non, il ne faut pas justement. J’aurais pu l’appeler « Ma comédie », parce que c’était un peu le thème. Mais « Ma comédie », de Corneille, c’était un peu lourd. On est passé à côté.
On associe Corneille à la musique acoustique. Tu as construit ton succès beaucoup sur ça, sur des guitare-voix. Est-ce qu’il y aura une tournée acoustique ? Est-ce que tu vas tourner un peu partout en France ?
Oui, bien sûr, je vais tourner l’année prochaine, les dates sont en train de se mettre en place. Ça ne va pas être acoustique, du moins pas sur une bonne partie de la tournée. Je ne peux pas faire cet album en concert sans qu’il n’y ait de cuivres, j’aurais l’impression de le trahir complètement. C’est un album où il faut que ça joue sur scène. C’est ce que ça va être. Je vais appliquer cette formule à mes anciennes chansons. Ça me permet de leur donner une nouvelle vie, de les revisiter. J’ai aussi des titres sur mon album en anglais que je n’ai pas eu la chance de faire découvrir sur scène au public français, qui se traduisent très bien avec ce type de formation sur scène. Mais comme je suis quelqu’un qui m’ennuie très vite, je pense qu’à un moment donné, je vais vouloir faire des choses un peu plus intimistes. C’est ce que j’ai fait dans le passé, passer d’une grosse formation à une formation plus petite. Ce sont deux choses complètement différentes, deux manières d’échanger avec le public. Mais pour cet album, j’ai envie de recréer l’état d’esprit que j’avais quand je l’ai enregistré, plus rythmé, plus beat, et moins intimiste. C’est aussi une façon d’exprimer les choses de manière plus directe. Je pense que ça va avec l’idée de venir sur scène avec un groupe et de jouer.