Scène française
YANN TIERSEN Dust Lane
Découvrez Dust Lane, le nouvel album de Yann Tiersen
Elaboré au cours de ces deux dernières années, « Dust Lane », est le sixième album studio de Yann Tiersen. Il a principalement été enregistré sur l’île d’Ouessant, en Bretagne mais aussi sur une petite île du sud des Philippines. Il a finalement été mixé par Ken Thomas (Sigur Rós, M83, Dave Gahan) aux studios Chairworks à Castelford (près de Leeds).
« Dust Lane » flirte indéniablement avec la disparition. Au cours de son enregistrement, Yann Tiersen a perdu des personnes proches. Si le deuil semble parfois s’incarner dans la musique, « Dust Lane » est aussi un album qui parle de la vie, non pas comme expérience d’un manque, mais dans le sens d’une célébration. « Pas une chose triste, mais une chose pleine de couleurs, une expérience parfois douloureuse mais aussi joyeuse » déclare Tiersen. A ce titre, il convient de dire que Dust Lane est le fruit d’un heureux hasard, de la découverte par l’expérimentation, de l’accident heureux qui donne vie à une nouvelle idée. Ce qui a commencé comme un simple album de chansons, esquissées en solitaire par Yann Tiersen, avec sa guitare acoustique, une mandoline, un bouzouki et des batteries jouet, s’est, au fur et à mesure complexifié. « J’ai pris un peu de distance et décidé de déconstruire la plupart des morceaux car j’étais un peu lassé par la traditionnelle structure, refrain, pont etc… » dit-il.
« Dust Lane » est ambitieux et ouvre de nouveaux territoires pour Tiersen. Une collection de synthés vintage auxquels s’ajoutent des textures analogiques, des guitares électriques et des basses, toutes en fuzz et distorsions. Les chansons quittent leurs amarres, portées par des courants nouveaux et inattendus. Ainsi, les voix s’unissent en chœur, les envolées des violons et les cymbales crash des batteries construisent des fanfares puissantes, mais alors une partie des nuages s’éloigne, le silence succède à la bourrasque et un piano et des cordes plaintives vous ramènent à la maison. Yann Tiersen a commencé à construire son esthétique musicale dès qu’il a commence à marcher.
Le plus surprenant dans Dust Lane est peut être la présence de sons de synthé vintage. « J’étais ado à la fin des années 80 et dans les années 90 et j’étais un grand fan de synthé analogiques » déclare Tiersen. « J’ai toujours essayé d’incorporer des sons électroniques vintage que j’aimais dans ma musique mais à l’exception d’Ondes Martenot, je n’y étais jamais arrivé. J’ai plusieurs synthés que j’aime beaucoup à la maison. J’ai commencé à passer mes journées face aux beaux boutons de mon Prophet 5 et de mon Moog et oh miracle ! Il m’a semblé soudain naturel d’ajouter leurs textures à « Dust Lane ». J’adore l’espace qu’ils apportent à l’album.«
« Dust Lane » réunit un casting riche. A la batterie, Dave Collingwood, que Tiersen a découvert quand son groupe Gravenhurst était en tournée à Paris. Un autre musicien de Bristol, Matt Elliott, ancien membre de Third Eye Foundation et maintenant artiste solo à part entière – contribue aux choeurs mystiques notamment sur Chapter 19, dont les paroles sont issues d’un extrait de Sexus la première partie de la trilogie La crucifixion en Rose d’Henry Miller. La chanteuse bretonne Gaelle Kerrien rejoint Tiersen en duo sur Fuck Me, un doux rapprochement où deux amants font la seule chose sensée face à l’oubli. « Fuck me, fuck me …make me come again » doucement en chœur sur un banjo et un mellotron dansants.
Ailleurs sur des chansons comme Amy et Ashes, Tiersen, Elliot, Kerrien et le groupe Syd Matters forment une chorale chaleureuse. L’effort de groupe le plus passionnant de l’album est peut être Palestine où les voix scandent le titre encore et encore, au milieu d’une envolée de violons et d’une course de batterie. Un tel mouvement est déjà implicitement politique mais dans le contexte de Dust Lane c’est également personnel. « J’ai terminé ma dernière tournée à Gaza et j’ai réalisé que même dans la plus injuste des situations il y a de l’espoir » dit Tiersen. « C’est quand vous êtes entouré par le chaos et la poussière que tout revient de nouveau à la vie.«