Scène française
Loane Le lendemain
Découvrez Le lendemain, le nouvel album de Loane
C’est une voix assurée qui se fissure peu à peu. Singulière, elle s’écorche imperceptiblement tout au long d’un disque. C’est la voix de Loane, sur « Le Lendemain ».
Le lendemain de quoi ? D’hier, en 2008, quand Loane a sorti son premier album, « Jamais seule« . Il lui a valu bien des amis, touchés par sa grâce simple et par dessus tout, la finesse des sentiments. Jamais seule et Danser, ses chansons phares, lui ont ouvert les portes des radios puis des salles de concert qu’elle a longuement parcourues pendant deux ans. Loane y était à sa place, elle qui a longtemps évité la lumière par pudeur. Pendant ces longues tournées, Loane trouvera le temps de nous offrir quelques escapades artistiques : un titre pour la BO de « Neuilly sa mère », une adaptation de Mystify sur l’album de standard d’INXS (Original sin), des duos avec William Fitzsimmons, Adamo ou Tété. Enfin, il était vital de revenir à l’essentiel, écrire et composer son Lendemain. Pendant des mois, Loane travaille chez elle seule avec ses instruments, son ordinateur et sa voix. Puis, c’est entre les studios 3rd Side (Cocosuma, Fugu…) et La Frette (Feist, -M-…) qu’elle a patiemment fait fondre son acoustique dans le synthétique entourée des réalisateurs David Sztanke (Tahiti Boy) et Yann Arnaud (Air, Camille, Syd Matters…). Ensemble, ils ont travaillé les pulsations, les matières, les échos. Toutes ces textures qui vous enveloppent, vous frôlent par surprise et donnent une troisième dimension aux chansons.
Est-ce cette production d’orfèvre qui rend son piano si poignant sur Le goût des autres ? Ou son texte, modèle d’épure et de suggestion ? C’est à cet instant en tout cas, que Le Lendemain bascule dans une gravité nouvelle, juste après deux odes à l’amour : l’une où l’on quitte les jours de solitude (Adieu tristes sourires) et l’autre, un duo majestueux (Save us) partagé avec Lenny Kravitz, un ami. L’amour salvateur pour adoucir les ombres du quotidien et chasser les fantômes du passé (Les châteaux hollandais, Les trains de nuits)
Le Lendemain, ce sont 11 chansons qui nous bousculent et piquent au fond du cœur et quand elle en parle, Loane a les mains qui s’envolent. Il y a du Daho dedans, du Hardy aussi. De l’Eli, du Jacno. Normal pour Loane qui a passé son enfance à écouter ces romances élégantes, ces ritournelles glacées aux synthétiseurs. Oui, ces synthétiseurs sont très importants dans Le Lendemain. Ils comptent tout autant que les ordinateurs dont Loane a voulu s’entourer, en jeune femme d’aujourd’hui, plongeant avec la même aisance dans les nappes cristallines de Nathan Fake que dans les guitares tendues de Blonde Redhead. Enfant des années 80, Loane mélange les sons d’aujourd’hui et d’hier pour offrir a ses mélodies franches et désarmantes un écrin subtile oscillant entre variété élégante, chanson pop et musique électronique. Tout à la fin, alors que Le Lendemain se termine, il y a même le synthé Prophet de Christophe, venu prêter sa voix, un soir tard, dans les chœurs de L’impossible abîme.
Il y a les matins blêmes des nuits tendres où l’on échappe à soi, au monde (Boby). Ces parfums qui viennent se lover au creux de ce qu’était l’avenir (Parfum de fille), ces escapades rebelles qui ouvrent de nouveaux horizons (On s’en fout et Rien de commun, écrits avec Jérôme Echenoz, alias Tacteel pour ceux que le rap intéresse), ce vague à l’âme qui peut-être un jour, s’évanouira (Sans). Autant de mots que Loane chante avec une troublante justesse, de celles qui font frissonner sans qu’on y prenne garde. Il y a des lendemains que l’on découvre avec bonheur. A noter que Loane sera en concert le 26 Mai 2011 à La Boule Noire à Paris.