Scène française
La Grande Sophie La place du fantôme
La Grande Sophie en plein mysticisme
Ecrit et composé par La Grande Sophie, « La place du fantôme », titre troublant du sixième album de la chanteuse, sortira dans les bacs le 13 février 2012.
Avec « La place du fantôme », La Grande Sophie explore d’autres identités encore, et trouve son équilibre à mi-chemin entre des éléments acoustiques comme le saxophone, l’orgue planant, l’harmonium indie, la contrebasse, l’ocarina et des synthétiseurs analogiques aux sonorités 70-80’s, sur fond de rythmiques pop et de mélodies toujours aussi claires et inspirées.
Comme une ride d’expression à la surface du cœur, ce sixième album creuse un sillon, amorcé avec « Des vagues et des ruisseaux« . Les chansons y sont plus introspectives, moins enjouées qu’auparavant. Sophie semble avoir rangé une fois pour toutes la petite girafe (presque) éponyme qu’elle a longtemps portée comme une relique d’enfance forcément gaie et insouciante , pour apparaître enfin telle qu’elle est, assumant avec authenticité et sincérité sa propre étrangeté.
Ce nouvel album n’essaie pas de suggérer le mystère. Mystérieux par essence, il nous balade en d’étranges contrées, perdues aux frontières du songe et de la réalité. Les compositions toujours très structurées de Sophie se confrontent aux expérimentations sonores des co-réalisateurs qu’elle a choisis. Les chansons laissent davantage de place aux instrumentations, aux respirations et à un certain souffle lyrique. On y danse sur l’ondulatoire Quand on parle de toi, ou le « funky » caustique Dans ton royaume. On se prend d’amour pour une Suzanne aérienne qui donne le vertige. On fredonne, dès la première écoute de l’imparable Ne m’oublie pas et on plane sur Bye bye etc, porté par un moog hypnotique et vrombissant. Malgré la tonalité générale assez mélancolique (Tu fais ton âge, Ma Radio, Ecris-moi), Sophie ne se départit jamais tout à fait d’un élément inhérent à sa personnalité et qui prend toute sa dimension sur scène, un état communicatif qui peut parfois faire peur tant il est furieusement libre : la joie. De celle qui, à ne pas confondre, avec la gaieté, souvent désespérante, emporte tout sur son passage : les larmes, le chagrin et les regrets, l’effroyable constat d’un Peut-être jamais.
« La place du fantôme » est un album dans le sillage duquel on a envie de s’émouvoir longtemps. Rencontre avec une « présence » familière et bienveillante.