pop-rock
Benjamin Clementine At Least For Now
Le premier album de Benjamin Clementine sort en janvier
Pour son premier album, Benjamin Clementine s’est nourrit des histoires douloureuses et sensuelles de sa jeune vie. Elles nourrissent exclusivement l’intensité et l’originalité de son expression. Pour constituer toute de la chair de ce premier opus.
At Least For Now brûle d’une urgence biographique, enflammé par l’expressivité d’une voix et d’un piano. Clementine confiait récemment : « Je suis un expressionniste ; je chante ce que je dis, je dis ce que je sens et je ressens ce que je joue avec honnêteté, rien d’autre que de l’honnêteté ». Et une liberté d’autant plus forte qu’elle s’est affirmée en autodidacte, en marge des académismes, des courants en vogue et des genres.
D’où vient ce piano qui rythme une berceuse sous tension, avant de s’élancer avec lyrisme, puis de s’arrêter par surprise ? Quel cinéaste a imaginé ces bouffées de cordes nimbant de mélancolie une mélodie qui apostrophe autant qu’elle émeut ? Quel chanteur a déjà osé ces acrobaties tripales, balançant entre délicatesse et rudesse animale ? Dans ces valses déconstruites, ces ballades impulsives, ces confidences muées en drame opératique, on peut sans doute entendre du Satie, du Screamin’ Jay Hawkins, du Cohen, du Gershwin, du Nina Simone, du Brel, du Léo Ferré… Se dessine surtout la singularité d’un artiste de 25 ans, dont le destin a basculé quand il a traversé la Manche.
Cette sinarité devrait se prolonger à l’écoute du premier chapitre de son autobiographie musicale, tant chaque titre bouillonne de récits initiatiques (Winston Churchill’s Boy, London, Cornerstone, Then I Heard a Bachelor’s Cry), d’épiphanies libératrices (Adios, où il tire un trait sur les comportements infantiles pour revendiquer sa vision), de tempêtes cathartiques en voie d’apaisement (The People & I, Condolence). En bref, At Least For Now est un album vibrant, sans compromis, et surtout doté d’une beauté inédite.