pop-rock
Matthew Bellamy : «Le président Obama décide de qui doit mourir»
Le chanteur de Muse en interview
Peu de choses vous laisseront dans un état de profonde anxiété comparable à l’écoute de « Drones », le septième album de Muse, à part peut-être une discussion avec le frontman du groupe Matt Bellamy à propos de l’opus en question.
« Drones » dénonce la prise de contrôle de l’humanité par la technologie, ainsi que les tromperies et les corruptions de nos dirigeants. Pourquoi avoir choisi ces thème ?
J’ai été stupéfait d’apprendre que, depuis son entrée en fonction, le Président Obama se lève pour le petit déjeuner, descend dans la chambre de guerre et décide de qui doit mourir. Quel horrible et obscure position à occuper.
L’idée que le politicien le plus influent de la planète ait pouvoir de vie ou de mort sur des étrangers, à distance via une télécommande, a l’air de te hanter ?
Vous commandez l’actionnement d’une télécommande qui elle-même ordonne à un robot de tuer quelqu’un. Ce n’est pas une question de bien ou de mal mais plutôt du fait que ces décisions sont prises à distance, toute empathie étant évacuée de l’équation. J’en suis venu à réfléchir à propos des psychopathes et de la manière dont notre monde fonctionne, comment la politique et le monde des affaires privilégient les individus sans émotions, ne se souciant pas de la masse ou des civils. Cela commençait à faire sens dans ma tête et à devenir un concept intéressant à développer sur la durée d’un album.
Dans le titre JFK tu reprend un discours de Kennedy il me semble ?
Effectivement, j’y ai bien inséré un discours de JFK s’adressant à la presse en 1961 sur la montée du communisme et comment l’appréhender. Il y fait référence à ces forces qui tentent de nous contrôler. Elles existent à notre époque sous forme de gouvernements et corporations tendant à manipuler les plus faibles afin d’en faire des drones humains.
Drones, le morceau titre qui compose l’album, est assez effrayant dans sont écriture et fait référence aux tragédies au Moyen-Orient. Quel est le message que tu veux faire passer ?
Pouvez-vous imaginer ce que c’est d’être à la frontière de l’Afghanistan alors que votre famille a été tuée accidentellement par des drones ? Je voulais terminer cet album sur une note effrayante. Ces esprits reviendront nous hanter à un moment ou à un autre.
Voilà donc l’osé et extrêmement ambitieux concept coulant dans les veines de « Drones ». Celle de prendre sa vie à bras le corps et regagner le contrôle des situations et relations qui peuvent nous entraver. C’est bien ça ?
J’aimerais que les auditeurs se sentent assez forts pour surpasser ce qui les gangrène. Leur donner la force de croire en eux-mêmes. J’ai exploité un moyen d’exprimer mes frustrations quant à mon enfance et des relations précédentes qui m’ont perturbé. Je cherche à inciter les auditeurs à suivre leur instinct, pas le nôtre. Nous n’imposons aucune idéologie. Prenez votre vie en main !
L’album précédent, « The 2nd Law », était un album de studio, sans dimension de groupe. Avec « Drones », Muse est devenu producteur, prenant entièrement les reines du groupe, mais j’ai l’impression que vous avez délaissez quelque peu votre alchimie musicale !
A chaque nouvel album, tout devenait de plus en plus gigantesque et nous en tant que trio devenions presque secondaire. Sur « The 2nd Law » cela a atteint son paroxysme. Même si je trouve que c’est un bon album, notre personnalité de trio ne transparaissait plus. Cette fois-ci, l’idée était de retourner aux sources, juste 3 personnes jouant dans la même pièce, reprenant le contrôle aux mains des machines en quelque sorte.