rap-rnb
Kamini : «Soit je passais le relais ou soit le film ne se faisait pas !»
Interview Kamini
A l’occasion de la sortie ce mercredi de son film autobiographique « Bienvenue à Marly-Gaumont », découvrez l’interview de Kamini sur Zikeo.
À quel moment vous êtes-vous dit que, ce qui avait d’abord été votre histoire, puis un tube de l’année 2006 (la chanson Marly-Gomont), pouvait donner matière à un scénario puis à un film ?
Je dirais que j’ai eu le déclic dès l’aventure du clip de Marly- Gomont que j’ai réalisé. Ensuite, à la sortie de mon deuxième album, j’ai senti qu’il y avait de l’eau dans le gaz avec ma maison de disques et je me suis dit : « Kam, il va falloir que tu enchaînes sur d’autres projets ! » Je suis parti sur l’idée d’une série dans l’esprit du Prince de Bel-Air : au lieu d’une famille Black à Los Angeles, c’était une famille Black en Picardie ! En écrivant, je me suis dit qu’il y avait là le potentiel pour un long métrage… J’ai proposé l’idée à des producteurs, des agents qui se sont montrés intéressés mais m’ont conseillé de travailler et retravailler encore mon sujet… En 2012, je suis allé au culot au festival de Cannes où j’ai eu un bon feeling avec Pauline Duhault et nous avons décidé de travailler ensemble sur le projet de film…
Avec l’idée de le réaliser vous-même ?
À la base oui. Mais très vite, nous nous sommes aperçus que pour les producteurs, miser de l’argent sur « Kamini le chanteur » représentait une vraie prise de risque. Je n’avais tourné que des clips et je comprends que cela les ait inquiétés… N’étant pas dans l’ego, en concertation avec Pauline, j’ai décidé de garder mon rôle de scénariste mais de confier le tournage à un réalisateur confirmé. Le contact avec Julien Rambaldi a été très facile : il a compris mon histoire, ce que je voulais exprimer et en voyant le lm aujourd’hui, je dirais que nous avons été très complémentaires… Julien a apporté au scénario des choses que je n’aurais pas pu exprimer, notamment toute l’émotion que l’on ressent dans « Bienvenue à Marly-Gomont », là où moi j’avais plutôt choisi la pure comédie… Au final, sa sensibilité, sa patte et sa personnalité collent parfaitement au sujet.
C’est facile de laisser quelqu’un d’autre mettre en images une histoire qui à la base est quand même la vôtre ?
Mais il n’y avait pas de choix au début : soit je passais le relais ou soit le film ne se faisait pas ! Je voulais avant tout à travers ce film rendre hommage à mon père… C’est mon héros, je suis son fan absolu ! Il le mérite, il a travaillé dur toute sa vie et je ne pouvais pas risquer de voir le projet tomber à l’eau… Ensuite, j’ai rencontré Julien, j’ai vu son premier film « Les Meilleurs Amis du Monde » et j’ai su que c’était la bonne personne. J’ajoute qu’à travers cette histoire, je voulais aussi m’adresser à la jeunesse actuelle, la nouvelle génération de fils d’immigrés. Lui dire que l’on peut réussir sa vie grâce à l’école ! C’est ce que me répétait toujours mon père. Lui qui était orphelin, qui avait grandi dans la rue du Congo Belge à l’époque, il n’a jamais lâché ses bouquins… Ce sera d’ailleurs le thème d’un court métrage que je vais réaliser et qui s’appellera « L’Orphelin de Biongo ».
Votre papa n’est plus là aujourd’hui… Est-ce qu’avant de partir il était au courant de vos projets ?
Il savait que je voulais faire une série puis un film qui le concernait, lui et la famille. Je suis très heureux d’être allé au bout de l’aventure et j’espère qu’il en sera fier, de là où il est… Même si nous avons eu des frictions (au moment où je n’étais pas très assidu à mes études de médecine à la fac de Lille), je sais qu’il était fi er de mon parcours artistique. Il a vécu et suivi tout ce qui m’est arrivé avec la chanson Marly-Gomont : le 13h de TF1, Le grand journal de Canal+, la presse, les télés…
Il s’est passé 10 ans entre ce titre et la sortie du film : vous avez fait d’autres disques, un peu de télé, du one-man show… Comment regardez-vous cette décennie aujourd’hui, avec le recul ?
Tout pour moi est une question d’éducation. Quand j’ai pris cette vague de succès en pleine gueule, tout en étant impressionné, je suis resté humble, comme me l’avait enseigné mon père… Je savais très bien que cette célébrité était fragile et reposait sur un rapport de cause à effet : prenez un inconnu dans la rue, faites-le passer à la télé et quoiqu’il a fait, talentueux ou pas, il devient célèbre d’un coup ! Aujourd’hui, tout ce qui compte pour moi c’est de pouvoir mener à bien mes projets, d’en vivre correctement. Le reste n’est pas mon problème ! Pour beaucoup, la célébrité passe avant l’artistique, pas chez moi… J’ai commencé ma carrière à l’envers en fait : malgré moi j’ai débuté par la surmédiatisation avant de faire le travail de fond. C’est l’inverse aujourd’hui : pour le one-man show, je fais des scènes ouvertes, des premières parties avec Denis Maréchal, je joue en Suisse, en Belgique dans des salles de 150 personnes, avant de venir à Paris en septembre. Bref, je progresse et quand la lumière va revenir, là je serai prêt !
A noter que les albums de Kamini sont disponibles sur iTunes et Amazon !