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Emir Kusturica & The No Smoking Orchestra

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Printemps 1998 : alors qu'il participe à l'enregistrement de l'album de son groupe Zabranjeno Pusenje (en VF : No Smoking), Dr Nelle Karajlic voit arriver chaque soir son ancien bassiste, Emir Kusturica. En plein tournage de Chat noir, chat blanc, en rupture de ban avec Goran Bregovic, il lui commande d'abord une chanson, puis un vieil air tzigane, et encore un tango… Incidemment, le leader des No Smoking devient le compositeur du film, les retrouvailles sont scellées.
Fondé à Sarajevo en 1980, No Smoking connaît un succès considérable avec ses deux premiers albums (1984/85). Suite à une méprise scénique ¿ lors d'un speech entre deux morceaux dont il était coutumier, Dr Nelle Karajlic avait invectivé son ampli déclinant : « Mon Marshall est mort », ce que certains bureaucrates prirent comme un sacrilège puisque le maréchal Tito venait de mourir. Ironiquement, Emir Kusturica a intitulé Marshall is dead un documentaire sur No Smoking) ¿ , le groupe endure les foudres de la censure titiste (concerts annulés, disques saisis) et voit la plupart de ses membres le déserter. C'est dans ce contexte qu'Emir Kusturica, ex-punk sarajévien, tout juste auréolé de sa première palme d'or, devient le locataire de la guitare-basse (« Je croyais qu'avec 4 cordes, ça serait plus facile; j'ai vite compris mon erreur »). Le temps d'enregistrer le troisième album (Greetings from Safari Land), de « recréer cette atmosphère de cirque dans laquelle il a grandi » et de contribuer à l'élaboration de cette auberge balkanique, collision de toutes les latitudes, qu'Emir doit repartir; il vient de signer le contrat du Temps des Gitans.
Les effluves titistes dissipées, le sort de No Smoking s'améliore. En 1989, ils publient un quatrième album avec des textes-témoignages sur la vie alentour, selon une tradition épique, vivace en Serbie : « Nous cherchons l'universel dans des histoires locales » précise même Dr Nelle Karajlic. Peu de temps avant la guerre, ce dernier décide de quitter Sarajévo (« où nous cherchions nos racines ») pour Belgrade (« afin de devenir un groupe international »).

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