Artiste
L
Lorsqu'on lui demande pourquoi la lettre L… Raphaële Lannadère répond « C'est évidemment l'initiale de mon nom, mais pas seulement. C'est aussi, par le seul fruit du hasard, celle des noms de famille de tous mes grands-parents. C'est une lettre présente dans mon prénom et empreinte de féminité. C'est également un roman de Romain Gary, Lady L., une chanson de Babx, compagnon de longue date – et bien d'autres choses encore…« . Manière de dire qu'il peut s'en cacher, des choses, et qu'il peut s'en tramer, des histoires, derrière une simple initiale. Et on ne s'étonne pas, alors, de voir s'épanouir tout un univers sous le titre de « Initiale », son premier album. Un univers couleur crépuscule, pétri des visions et des chimères de son auteur-compositeur, où se mêlent les mirages persistants du réel et les vérités flottantes de l'irréel.
Après s'être forgée la voix dans un groupe polyphonique interprétant des chants du monde, Raphaële Lannadère fait ses premiers pas en solo au début des années 2000, reprenant de vénérables classiques (Piaf, Ferré, Brel, Barbara…) dont elle boit alors les paroles avec ferveur, comme on boit des alcools forts pour se donner le goût du vertige.
Plus tard, elle embarque aux côtés du Brésilien Ricardo Tete ou côtoie Teofilo Chantre (chanteur, mais aussi songwriter pour Césaria Evora), avec lesquels elle explore les beautés de la chanson lusophone. Puis c'est à la source de ses propres textes et compositions qu'elle prend plaisir à se griser, tourbillonnant sous la lumière des scènes de Paris et d'ailleurs, où sa vibrante et délicate présence laisse ses premières traces. En 2008, un EP six titres, Premières lettres, se fraye un passage jusqu'aux ondes (Fip, France Inter, Europe1..).
Grâce notamment à Petite, chanson accroche-cœur qu'on trouve aujourd'hui revisitée dans Initiale, la demoiselle tape dans l'oreille de prestigieux aînés, Brigitte Fontaine et M en tête. Sur ces années de formation, qui lui ont appris les vertus de la patience, L porte un regard plein de gratitude. « Avec le recul, je mesure combien cette attente a été une chance. Elle m'a notamment laissé le temps de me planter, de partir par exemple dans une direction très théâtrale, proche du cabaret, qui m'a bien amusée… mais qui du coup noyait mon propos. Je n'avais peut-être pas assez réfléchi à l'essence même des chansons. »