électro
Iko invites Private domain
Iko invites
Premier album de la mystérieuse Iko et de sa formation de musiciens, « Private Domain » marque la rencontre entre la tradition et l’excellence de l’écriture classique et le langage actuel de quelques-uns des artistes les plus créatifs venus de l’électronique et de la pop.
Selon Iko, ce projet à pour origine une forme de « vision musicale », née à l’écoute de Bach et de Schubert. Pourtant, Iko et ses musiciens ne sont pas les premiers à tenter ce type de rencontre. Depuis quelques années déjà, une poignée d’artistes, de Djs, de producteurs, d’arrangeurs ou d’orchestres se sont essayés, avec plus ou moins de bonheur, à ce périlleux exercice. Si le producteur britannique William Orbit est l’auteur d’un redoutable Pieces In A Modern Style, séries de relectures électroniques de compositions signées Barber, Ravel ou Vivaldi, on peut lui préférer par exemple le plus inspiré Warp Works & 20th Century Masters du London Sinfonietta, où le célèbre orchestre revisitait quant à lui des œuvres de musiciens électros comme Aphex Twin ou Squarepusher. Plus récemment, c’est l’ensemble Les Siècles, sous la direction de François-Xavier Roth qui a réussi lors d’un concert sold-out à la Cité de la Musique, à transcrire pour orchestre, certaines des plus belles compositions de l’un des autres grands pionniers de la techno de Detroit, Carl Craig. Enfin, c’est ce même Carl Craig qui, aux côtés de Moritz Von Oswald, autre personnalité de la sphère électro, a été récemment invité par Deutsche Grammophon, à revisiter avec maestria sur la série « Recompose », des œuvres de Ravel et Moussorgski.
Pour donner corps à cette vision moderniste, le choix d’Iko s’est porté sur un répertoire correspondant au style baroque et aux débuts du classique. « On retrouve très souvent dans cette musique, ce que l’on appelle une basse obstinée, une basse répétée sous une forme de quatre ou huit mesures, et c’est sans doute la raison pour laquelle ces « visites » fonctionnent plutôt bien. Toutes ces compositions possèdent également en commun un « tactus », une pulsation régulière, qu’il est plus facile de marier avec les beats et les boucles de l’électronique ou de la pop actuelle. Cela étant, Verdi et Fauré n’ont rien à voir avec cet univers baroque. Ce choix de La Traviata et d’Après un rêve est une manière pour moi de mettre en valeur les chanteuses, d’ouvrir l’album vers un répertoire plus moderne, et enfin de le doter d’une consonance plus pop et vocale. D’ailleurs tous les titres sont ici chantés, même si à l’origine, les compositions de Schubert ou Beethoven ne possédaient pas de partie vocales. Il me semble que ce choix permet à l’auditeur de s’approprier plus facilement l’album et son répertoire ».