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Le Festival Electron en danger !
L'Electron Festival en danger
La 13ème édition du festival Electron s’est achevée à l’aube de ce lundi matin sur un « back to back » légendaire entre Agoria et Carl Craig. Ce final en apothéose à guichet fermé ne suffit pourtant pas à combler la baisse de fréquentation des activités payantes, qui met en péril l’avenir du festival, du moins dans sa configuration actuelle. Les organisateurs réfléchissent déjà à des solutions alternatives.
Ce lundi matin, le festival Electron s’est réveillé avec des paillettes plein les yeux. La soirée de clôture a répondu à toutes les promesses et tenu en haleine les festivaliers venus en masse pour acclamer la prestation sans faille des deux légendes de la techno, Agoria et Carl Craig. A l’heure de tirer le bilan, les organisateurs se voient cependant contraints, malgré un taux de fréquentation global similaire à celui de l’année passée, de reconsidérer l’avenir du festival ou de le concevoir sous une autre forme. Explications.
Les festivités ont battu leur plein pendant 4 jours dans la plus grande liesse. Une centaine d’artistes ont proposé des DJ sets, live, concerts, exposition ou workshops, d’une qualité impressionnante. Les festivaliers présents ont affiché leur enthousiasme avec danse et fracas et apprécié le sérieux de l’organisation. On retiendra tout particulièrement les prestations de Rone, Weval, The Shoes, Stephan Bodzin, Michael Mayer, Anna, Camo & Krooked ou Martin Buttrich, ainsi que celles d’une poignée d’artistes suisses au talent affirmé comme Mimetic en tête de lice, mais aussi Masaya, Garance, La Forêt ou Kun qui ont convaincu le parterre de profes- sionnels présents durant tout le festival. Malgré la richesse de cette programmation, la manifestation a cependant connu une soirée de lancement le jeudi plus calme qu’à l’accoutumée. Ce départ mitigé suffit à mettre en danger l’événement, malgré une fin de festival sold out. En effet, le budget de l’événement étant assuré à hauteur de 70% par les recettes des entrées et des bars, celui-ci nécessite un taux de fréquentation proche des 90% pour afficher un bilan positif. Véritable épée de Damoclès, cette très faible marge de manoeuvre ne laisse que peu de place à l’erreur.
Les organisateurs, conscients de la fragilité de la manifestation, avaient anticipé cette alternative, en inaugurant une «bad edition» non seulement placée sous le signe de la superstition, mais qui annonçait également en filigrane la précarité du festival. Ce sont surtout les activités payantes qui ont subi la plus forte baisse d’affluence: les scènes nocturnes, mais aussi la scène de jour, gratuite l’année passée, qui n’a pas connu le succès escompté en imposant un tarif diurne. Le public a boudé les artistes suisses, affluant uniquement pour assister aux prestations des têtes d’affiche.
Les activités de jour ont, quant à elles, subi une fréquentation record, expliquant le taux de fréquentation similaire à celui de l’année passée. Le risque était d’autant plus osé que la tête d’affiche du festival, Brian Eno, qui présentait une mythique installation sonore en Première suisse au Commun, était en entrée libre. L’impertinence du concept de cette «bad edition» trouve ici toute sa signification, en mettant en exergue la prise de risque constante des organisateurs pour proposer des projets de qualité à un large public. L’installation sonore au Cern a également attiré foule durant les trois jours de performance et le blindé sonore de Nik Nowak a suscité la curiosité de nombreux festivaliers.
Electron rejoint le contexte difficile des manifestations de moyenne envergure, hautement dépendantes de nombreux facteurs extérieurs, impactant plus ou moins fortement sur leur viabilité. Le festival ayant eu lieu en fin de mois, le pouvoir d’achat réduit des festivaliers à cette période s’est non seulement fait ressentir aux caisses, mais également dans leur consommation. Et il a suffi d’un jeudi soir un peu plus faible pour mettre en danger la manifestation ! Rendez-vous 2017 pour la quatorzième édition de l’Electron Festival !