Scène française

Da Silva Interview

Interveiw Da Silva

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Avec son troisième album « La Tendresse des Fous », Da Silva nous poinçonne l’âme et nous tatoue le cœur. touché par ce nouvel opus, Zikeo est parti à la rencontre du chanteur. 

Ce troisième album est un peu une remise en question. Tu ne voulais pas t’installer dans le confort.
Je ne voulais pas me caricaturer. J’ai enregistré mes deux premiers albums chez moi, dans mon home studio. Ensuite, on mixait, on passait par Dominique Ledudal pour refaire quelques morceaux de guitare ou de batterie, et on donnait cette matière à Renaud Letang. Il mixait. C’était forcément très minimaliste. Il y avait des ambiances de pièces, des contraintes techniques. On n’était pas complètement libres.

A un moment donné, enregistrer chez soi présente des limites ?
Le traitement du son est très limité, tu es obligé de faire quelque chose de low fi, ou de très medium, car on ne peut pas avoir toutes les fréquences. Chez moi, j’ai un micro, un préampli et un ordinateur. Sur le premier album, je n’avais même pas d’ordinateur d’ailleurs. Je n’ai pas vraiment changé, ce que je raconte est différent des deux premiers albums mais je ne suis pas non plus parti ailleurs. J’ai appris à jouer de la guitare de cette façon là, je n’ai pas pris de cours de guitare, je ne sais jouer que ce que je joue. Quand on me demande de venir faire un boeuf avec quelqu’un, c’est très dur pour moi. Je vais jouer un truc, mais on reconnait tout de suite ma pâte. Si je joue sur le disque de quelqu’un d’autre, on me repère très vite ! J’étais arrivé au bout du truc. L’important dans la musique est de se faire plaisir. Je n’avais pas de démarche purement commerciale. Je ne me suis pas dit « Il faut que je fasse ça… ». Je me disais « Comment vas-tu faire pour te faire plaisir, qu’est-ce qui va te motiver ? ». J’ai eu besoin de ne plus être seul et de déléguer des choses, ce qui pour moi n’est pas simple. Il m’est arrivé de réaliser des albums pour d’autres, de diriger les choses.

Qu’est ce qui a changé dans cette manière de travailler ?
Là il a fallu que je me laisse aller, j’ai fait des guitares-voix, mais pas chez moi. Ce qui est dangereux, quand tu enregistres chez toi, c’est que tu privilégies à fond l’instant et l’interprétation. Tu te dis que tu n’arriveras jamais à retrouver cette émotion en studio. Tu t’habitues à ta version. Tu es tellement habitué à l’entendre que quand tu la refais, tu te dis que c’est différent et tu n’as pas le temps de t’habituer. Là je suis allé dans un petit studio à Rennes, le Passage à niveau. J’ai fait des maquettes sans y penser, j’ai aligné les morceaux, je les ai écrits, et je les ai beaucoup joués. Ensuite, je les ai enregistrés. Je les ai réécoutés après 3-4 mois, pour voir s’ils résistaient à l’épreuve du temps. Je me suis dit « Celui là, j’ai encore plaisir à le jouer, je l’aime bien ». Puis avec la maison de disques, on s’est concerté. On a décidé de confier la réalisation de cet album à Bénédicte Schmitt et Dominique Blanc-Francard. Je suis arrivé avec des guitares-voix et les mélodies. J’ai travaillé avec Joseph Racaille, l’arrangeur de Dick Annegarn et de Baschung. Je trouvais ça chouette, parce qu’on m’envoyait des maquettes de mes titres avec des choses en plus. L’arrangement est un mot assez réducteur, parce qu’un arrangement peut vraiment révéler quelque chose. C’est comme le contraste d’une photo.

C’est à dire ?
Si c’est trop contrasté, la photo ne montre plus rien, si ça ne l’est pas assez, la photo est trop fade. Quand on a le bon ton, quelque chose de très fort en ressort. Joseph a su faire ça. Il savait que je ne supportais pas les choses très fleuries, alors que lui adore fleurir les arrangements, c’est un musicien extraordinaire et un arrangeur incroyable, il a des tonnes d’idées et je pense qu’il n’arrive pas à se séparer de ses idées. Il en met, il en met… Là il a été d’une grande sobriété, je n’ai presque rien eu à dire. Je recevais ses arrangements, il les corrigeait un tout petit peu. On est parti enregistrer chez Dominique et Bénédicte Schmitt. J’ai été confronté à des musiciens. Ça ne m’était jamais arrivé ! D’habitude, ce sont mes potes, je leur dis quoi jouer, parfois c’est moi qui joue, et on joue tous très mal. Je faisais un bout de basse, je tapais sur une caisse claire… Là, il y avait de vrais musiciens de studio qui jouaient. J’avais une crainte énorme : lorsqu’on écrit une chanson, au moment où on l’écrit et où on enregistre la maquette, il y a un texte, une mélodie, elle dégage une émotion. C’est un peu indémontable, c’est un ensemble. Le texte tout seul, ou la musique toute seule, ne sont pas forcément intéressants, mais combinés, une alchimie se crée. En passant par des réalisateurs, un arrangeur et des musiciens extérieurs, j’avais peur que cela dilue le propos et la chanson, et qu’on arrive à quelque chose de beaucoup moins habité. Ça aurait autant de caractère, parce que c’est moi qui aie fait les guitares, donc c’est marqué. Comme c’était de très bon musiciens, et un très bon réalisateur, qui privilégiait l’émotion, j’ai été très content du résultat.

Est-ce que ça a révélé quelque chose pour toi, dans la manière dont tu conçois les chansons ? Tu as dit que ça t’a bousculé. Au-delà de ça, à certains moments où tu as posé la voix sur des arrangements un peu différents, ça porte non ?
Avant, ma façon de chanter était plutôt entre le chanter et le parler. J’ai fait beaucoup de choses avant. Mais sur les premiers albums, quand tu sais que tu as signé dans une grande maison de disques et que tu enregistres tes maquettes, tu poses ta voix avec sincérité mais tu mets comme un filtre entre ta voix et toi. Tu es relié à toi au niveau des émotions, mais tu mets un maniérisme, comme si ce maniérisme disait « Je chante, mais je ne chante pas quand même ! ». Tu invites quelqu’un chez toi sans oser lui faire ce que tu sais faire de mieux. Là ça m’a libéré de ça. Pour les arrangements, tu mets un casque, c’est bossé en studio où tu te poses un tas de questions : est-ce qu’on prend une guitare de 63 ou autre chose, ou est-ce qu’on le fait à la guitare électrique… Tu n’es plus enfermé dans le style, tout est ouvert. Tu choisis avec le réalisateur ce qui va être le meilleur pour la chanson. Quand tu as fait ces choix là, le chant est forcément à la hauteur. Ce qui se passe quand l’interprétation est un peu exagérée, avec un maniérisme un peu forcé, la chanson parfois ne passe plus quand tu le chantes vraiment. On se dit qu’on est peut être trop léger, qu’on mise peut être trop sur l’émotion et qu’il faut retravailler. Donc on retravaille le passage. On arrive à ce troisième album, et pour aussi étrange que cela paraisse, c’est le disque qui me ressemble le plus. C’est celui dans lequel je me raconte le plus. Je suis très heureux des autres, mais j’en étais comme spectateur, avec ce maniérisme dans la voix. Je racontais des histoires avec sincérité, j’en étais l’auteur mais pas l’acteur. Je les vivais intérieurement. Alors que dans ce disque, je me raconte beaucoup plus, mais avec plus de pudeur. Je n’ai pas envie d’aller vendre ma vie, ça ne m’intéresse pas. Mais j’étais vraiment relié à moi, sans ce maniérisme, j’ai été sobre dans l’écriture, et le plus élégant et précis possible. Ce travail était vraiment intéressant. Quand on commence à améliorer les choses, tout prend forme et le niveau doit être à la hauteur. Il y a aussi le gens avec qui tu travailles. Quand tu es confronté à toi même, tu t’arranges, tu fais un truc un peu moyen, il suffit de sortir le soir, d’oublier… Quand tu es en studio avec des gens qui se donnent beaucoup de mal, tu te dis qu’il faut se casser la tête. Je suis quelqu’un qui ne s’autorise pas grandchose, mais là je ne me suis rien autorisé du tout.

En quoi as-tu l’impression d’être allé plus loin ? Tu peux donner un exemple, un déclic au niveau de l’écriture ou de la compo ?
J’écrivais souvent sur les relations amoureuses, sur l’échec du couple, j’étais tout le temps dans la rupture. Je ne passe pas mon temps à analyser ou à décortiquer mes textes, ça serait horrible. J’écris plus avec mes tripes qu’avec ma tête, j’essaie d’allier les deux pour que ça soit beau. En prenant du recul, je me suis rendu compte que sur ce disque, on arrive après la bataille. C’est un disque entre l’espoir et l’espérance. Une partie de notre vie est laissée au hasard. On ne la maitrise pas. Il peut arriver autant de belles choses que de choses dures. Il y a aussi cette notion d’espérance. On a des acquis, on espère qu’on va concrétiser les choses. On n’est plus dans la rupture dure. J’ai fait deux disques sur le fait qu’il n’y a pas grand-chose à espérer, que tout est niqué. J’avais envie d’en faire un qui dit qu’une fois qu’on est bien niqué et qu’il n’y a plus rien à espérer, ça recommence ! On peut encore se faire niquer et espérer.

En même temps, le thème récurrent est l’absence. Cette fois ci, tu lui dédies une chanson à part entière. Quitte à parler de l’absence autant y aller ?
En fait, on a cette impression quand on écoute la chanson. On se dit que dans « Les inséparables », je personnalise l’absence. Je voulais parler de l’absence parce que c’est quelque chose qu’on ressent profondément quand on tourne beaucoup, qu’on est loin de ceux qu’on aime, ou même quand on en est proche, on entre et on est absent. On est absent plein de fois dans la vie, être là est très dur, je ne sais pas qui est capable d’être là 12 heures par jour. Je suis incapable d’être avec quelqu’un 12 heures par jour. On s’absente, heureusement. Parfois c’est bien, et parfois on s’absente et on s’égare un peu, et quand on revient, la vie est passée. Dans cette chanson, je suis passé par l’absence mais je voulais généraliser le fait que de nos blessures – le deuil ou le manque, ou n’importe quoi – il vaut mieux s’en faire une amie. C’est comme quand tu as une douleur physique. Si tu passes ta journée à te dire « J’ai mal au bras, c’est terrible, c’est affreux »… Si tu arrives à faire de la douleur ton amie, de te dire que ça fait partie de la vie d’avoir mal, et que ça peut être pire, mais que la douleur est notre copine et qu’on marche ensemble, on vit un peu mieux. C’est sur ce thème que je voulais écrire, en prenant l’absence. J’ai un truc con, une acouphène, l’oreille gauche qui siffle, depuis 18 ans. Je me suis bousillé les oreilles à jouer dans des groupes punks … Tant que je mettais un message très négatif sur ce sifflement, c’était invivable. A partir du moment où j’ai accepté que ça faisait partie de moi, que si je ne l’avais pas je serais peut être un peu triste … C’est presque caricatural mais j’ai mis 18 ans à me dire ça. Aujourd’hui, je la trouve ni agréable, ni désagréable, juste neutre. C’était un peu ça, cette chanson « Les inséparables ».

Il y a comme une méthode Couet par moment. Est-ce que l’écriture est pour toi salvatrice ? As-tu l’impression que si tu n’avais pas écrit, posé des mots à un moment donné, tu aurais basculé dans autre chose ?
Je ne suis pas du tout triste dans la vie. Je suis un joyeux luron, j’aime sortir, rigoler, faire la fête, voir mes amis, les gens que j’aime… Je ne suis pas ce poète maudit qui vit enfermé dans un truc avec une vie sombre, infréquentable. Je ne suis rien de tout ça. Mais dans la musique, j’ai cette pathologie de la mélancolie. C’est mon juste équilibre. Si je n’avais pas la musique, je serais peut être terriblement triste dans la vie, par contre. Si je n’avais pas une passion, je serais terriblement triste. J’ai pas mal donné pour la musique ; je ne suis pas sorti d’un écran de télé en tirant un pompon et en disant « Coucou, je suis arrivé ! ». J’y ai laissé un bout de santé, quelques dates de concert, des gros sacrifices familiaux. J’ai donné pour la musique. C’est une vraie passion. Le rapport que j’ai à cette passion comporte des jours heureux et d’autres un peu moins.

Un petit mot sur le titre de l’album « La tendresse des fous » ?
Je trouve que ça résumait bien. Arrivé au troisième album, je suis comme un blues man qui chante toujours la même chose. J’avais envie de synthétiser. Pour moi, la tendresse des fous représente l’amour. Je ne parle pas de la folie pathologique, celle qui est destructrice. La folie est une pathologie grave dans laquelle les gens sont tétanisés, paralysés dans leur psychose. Je parle de la folie douce, celle qui fait que tu es capable d’offrir un bout de ta vie à quelqu’un, de t’abandonner, de te confier. Il faut être un peu dingue pour faire ça, quand on sait qu’on est fragile. Donner 10 ou 15 ans de sa vie à quelqu’un, lui confier des choses, ça parait naturel mais quand on y réfléchit, l’amour est un truc de malade. C’est le seul truc qui peut te rendre malade, c’est la seule chose avec laquelle on peut vraiment s’évaluer personnellement, se poser des questions personnelles. Dans tous les autres domaines, on peut se trouver dans excuses. Quand on dit qu’on est libre et égaux, ça me fait beaucoup rire. On est plus ou moins libre selon le lieu où on est, on n’est pas libre partout sur terre. On n’est dont pas tous égaux face à ça. Mais il y a quelque chose face à laquelle on est à peu près tous égaux, c’est l’affection, les sentiments. En Ethiopie, au milieu d’une favela, en France ou chez les Inuits, on est tous égaux face aux sentiments. Si tu foires ton truc, c’est ton problème. On n’avait pas tous les mêmes données à la base, on a des enfances différentes, on gère les choses à sa manière… Mais le fait de recevoir et de donner, on est égaux face à ça. On ne capitalise pas sur l’amour, ça n’entre pas en bourse, on n’en fait rien, c’est indomptable. On peut être très heureux dans un 12 m² avec un matelas pourri, manger un sandwich pourri avec une personne. On peut être blindé de thunes et être très malheureux avec une femme ou un homme qui t’ennuie terriblement. On est tous égaux face à l’amour, c’est donc quelque chose sur laquelle on peut s’évaluer, et se remettre en question.

Tu dis que tu ne veux pas raconter ta vie mais là dedans, il y a tout un patchwork de ce que tu observes. Tu es obligé de vivre des choses pour écrire non ?
Je dis que c’est l’album dans lequel je me confie le plus parce qu’au lieu de me poser toujours dans une situation de couple qui foire, pour raconter d’autres choses, j’évoque des questions qui m’obsèdent un peu, et à travers elles je me raconte. Je ne trouve pas forcément de réponses, il n’y en a peut être pas. « Le jour de la défaite » porte sur une question que tout le monde se pose. Je me pose la question de savoir si quelqu’un sera là le jour de la défaite. Je ne parle pas du jour où tu vas mourir, on s’en fout. Mais il y a ces instants difficiles, ces échecs qui sont autant de caps à passer. Est-ce que la personne que tu souhaites sera là ? Chaque fois que tu regardes la personne que tu aimes, d’amour ou d’amitié, c’est une des questions que tu te poses, qui est pour moi fondamentale. Est-ce que quelqu’un sera là le jour où ça va aller très mal ? Pour moi c’est une question importante. Dans « La route », je me demande si on va recommencer, si on va retrouver la foi et le désir de se dire qu’on y retourne, que ce n’est pas grave si on est tombé. Est-ce que tout recommence un jour ? Je me pose ce genre de questions.

Tu parles de foi. Sur cette photo d’album, on aperçoit un de tes tatouages. Tu as décidé de le mettre en lumière ?
C’est une vierge. C’est un tatouage que j’ai sur le torse, une vierge entourée de roses, qui date des années 30. Les marins se tatouaient ça. La foi est beaucoup plus compliquée, ça c’est plutôt de l’ordre de la superstition. Les marins se faisaient ça quand ils prenaient la mer, pour être protégés.

D’où cette espèce de mélancolie, qu’on peut rapprocher au fado, dans tes origines. Tu as l’impression que tu as en toi quelque chose, dans tes racines, qui surgit ?
Je ne crois pas qu’on m’ait transplanté du fado dans le sang, je ne crois pas que ça soit dans les veines non plus. Je n’ai pas du tout été élevé au fado. Mes parents écoutaient de la mauvaise variété et du folklore portugais. Il faut aimer l’accordéon ! Quoique les bals populaires soient assez agréables au Portugal. Je n’ai pas été élevé avec le fado, je l’ai découvert très tard. Le fado est mélancolique et minimaliste, comme ma musique. Mais je ne me sens pas très proche du fado, même si ça me touche énormément. Il y a de grandes fadistas qui me touchent. Il y a quelque chose d’assez étonnant dans le fado : certaines personnes ne comprennent rien au portugais, mais quand tu leur fais écouter deux morceaux de Fado, ils te disent que c’est bouleversant. En fait, sur un des titres, le texte est à tomber, il est de l’un de ceux qui ont écrit pour la plus grande fadista, Amalia Rodriguez. C’est un français qui habitait au Portugal. Tu peux faire passer beaucoup de choses dans le fado avec l’interprétation. C’est peut être là où je rejoins le Fado. Pour moi, l’interprétation compte beaucoup dans la musique. Il y a des chanteurs qui peuvent faire passer des choses sans interprétation. Je ne fais pas partie de ceux là, j’aime l’interprétation, j’aime que les mots soient portés, par la musique et la façon dont on la raconte. Je suis proche du fado dans ce sens, je n’aime pas la neutralité dans la narration des chansons.

Tu t’es laissé aller dans la mélancolie et la tristesse dans une chanson, la toute dernière. Tu peux nous en parler ? Je crois que c’est un fait divers qui t’a marqué ?
Ce qui m’a marqué, c’est que ça soit un fait divers ! « La moisson » raconte l’histoire d’une famille de Chinois vivant à Belleville qui ont été expulsés. La fille a eu tellement peur, en voyant arriver les CRS… On s’en souvient, ça fait à peine 1 an. Elle s’est balancée par la fenêtre. J’ai lu ça dans les faits divers et je me suis dit « Punaise, cette Chinoise va rester dans les faits divers, écrasée dans les faits divers ! ». Quand même, pour se balancer par la fenêtre, il faut avoir très peur. Même quand on est suicidaire, quand on ouvre la fenêtre et qu’on regarde en bas, même si on veut mourir, c’est dur. Quand on ne l’a pas décidé, qu’on se dit que ça va être un cauchemar de rentrer, qu’on n’a pas de papiers et qu’on ne sait pas qui sont ces mecs en noirs avec des masques et des grosses matraques, je sauterais par la fenêtre pour me sauver. J’ai voulu appeler ça « La moisson ». C’est une façon de lui rendre hommage. J’ai voulu finir le morceau par quelque chose d’instrumental, d’assez sobre sans être grandiloquent, suivi du silence de la fin du disque. Je trouvais que c’était un hommage présent, et en même temps pas trop. C’est la chanson de laquelle je suis le plus fier sur l’album.

Il y a toute une tournée. Tu n’arrêtes jamais, tu es un boulimique de concerts ?
Il y a plein d’autres qui font plein de concerts ! Mais j’aime ça.

Ça alimente ta musique, de tester les choses ?
Sur la deuxième tournée, j’ai testé beaucoup de titres du deuxième album. Sur cette tournée, je l’ai beaucoup moins fait. J’ai fait plus de dates, la tournée était vraiment fatigante. Je l’ai faite avec un groupe, et ensuite avec un duo. J’aime bien, sur scène, ne pas reproduire l’album. J’essaie de dire aux musiciens « Vous avez écouté l’album, oubliez-le, rangez le ». On reconstruit tout, comme si on était un groupe, que ce ne soit pas les musiciens qui ont fait le disque qui m’accompagnent, ça n’a pas grand intérêt. On a les guitares-voix, les thèmes, on se les répartit. On donne vie à un spectacle avec de vrais partis pris. Le duo a un parti pris très dark, tant au niveau de la conception lumière, que du traitement de son. Avec le groupe, c’était beaucoup plus ouvert, avec une autre créa lumière. Je suis excité par la scène, j’aime faire beaucoup de scènes. Je pense que j’aurais du mal à en faire peu. Ce n’est pas la nécessité d’être toujours sur la route. Il y a une sorte d’ivresse, quand tu es sur la route, au bout d’un moment tu décroches. C’est pour ça que je n’aime pas les tournées segmentées. J’aime les tournées dans la longueur, assez copieuses, qui durent toute l’année, parce qu’au bout d’un moment, on ne sait plus si c’est la vie ou non, on vit pour le concert du soir, on a décroché du quotidien, on ne fait plus les courses, on dort dans des hôtels. Parfois c »est super et parfois c’est moins bien. On est balloté dans un camion comme dans une essoreuse. J’adore cette vie là, il n’y a plus de repères.

Qu’est-ce que tu vas nous proposer pour le prochain ?
Il y aura sans doute plusieurs formules. Pour l’instant, je pars sur une basse, batterie, clavier, guitare, cuivres, violons et moi à la guitare. C’est ambitieux. En même temps, j’ai testé des tas de formules, dont des choses très minimalistes. Là on a envie de se donner les moyens de faire des choses, comme pour le disque. Il n’y avait pas grandchose sur mes deux premiers albums, ça tenait sur 6-8 pistes. Là il y a des morceaux chargés. Sur scène c’est pareil, j’avais envie de mettre du monde sur scène !

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