Scène française

GRAND CORPS MALADE 3ème Temps

Le nouvel album de Grand Corps Malade 3ème Temps

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Après « Enfants de la ville » et « Midi 20 », Grand Corps Malade sera de retour dans les bacs à partir 25 octobre 2010 avec un troisième album baptisé « 3ème Temps ».

« Je ne me prends pas pour une valeur sûre« , dit Grand Corps Malade. Et pourtant… « 3ème Temps », son nouvel album, est un des événements les plus attendus de cette rentrée. Quatorze titres pour la plupart enregistrés en live au légendaire studio Labomatic de Dominique Blanc-Francard avec un groupe de pointures émérites. Et il semble partout à la fois : il est la voix du clown Rictus dans Toy Story 3, il écrit pour Idir, pour David Hallyday (après une première chanson remarquée pour son père Johnny), pour Line Renaud…

Presque malgré lui, ne serait-il donc pas une valeur sûre ? Cent vingt dates pour la première tournée, cent trente pour la suivante, un million d’exemplaires vendus de ses deux premiers albums (« Midi 20 » en 2006 et « Enfant de la ville » en 2008), deux victoires de la musique en France, deux Félix au Québec, la distinction de Chevalier des Arts et des lettres : Grand Corps Malade pourrait se croire assuré de la fidélité de son public et de la noblesse de son statut. Mais non, il préfère se dire « perplexe » quant à son avenir d’artiste. « Ce n’est ni de l’inquiétude ni de l’inconscience, mais je ne sais pas ce qui m’attend. Je n’ai pas l’impression d’être dans une logique professionnelle – faire l’album, se taper la promo, partir en tournée comme si tout était acquis. Non, je suis toujours émerveillé. Même si j’essaie de garder du recul sur tout ce qui m’arrive pour ne pas avoir la tête qui tourne, je continue à prendre tout ça avec le sourire et avec l’envie.« 

C’est l’envie qui le fait écrire, et c’est pourquoi il n’imagine pas qu’un jour il pourrait manquer de textes. « J’écris très régulièrement. Un mois après la sortie d’Enfant de la ville, en mars 2008, j’ai écrit un texte, puis deux le mois suivant… L’enjeu est de ne pas écrire pour un album et, honnêtement, je crois bien y arriver. C’est exactement comme au temps du slam dans les bars : j’écris au kilomètre, selon l’humeur et le feeling du jour. Ces nouveaux textes ont donc été écrits au cours des deux dernières années, ce qui leur donne leur variété en termes d’ambiance. Mais je ne pense jamais à ce qu’il faut pour l’album – plus de textes rapides, ou graves, ou gais…« 

La coloration générale ? « Je n’essaie pas d’équilibrer mon album en mettant un peu plus d’engagement ici ou un peu plus d’autobiographie là« , dit Grand Corps Malade, tout en reconnaissant que « 3ème Temps » est plus ouvert que jamais sur la réalité sociale et politique. « Je ne sais pas si j’assume totalement le statut d’artiste engagé. Si j’ai toujours dit ce que j’avais envie de dire, j’essaie de constamment me rappeler pourquoi j’écris : je veux faire de la poésie à l’oral et, la poésie, c’est aussi raconter la société. Il y avait Vu de ma fenêtre sur le premier album, Je viens de là sur « Enfant de la ville », mais j’aurai toujours un problème de légitimité à apparaître le poing levé. Alors, quand je fais un texte engagé, j’essaie de ne pas y aller avec de gros sabots. S’il y a quelques réflexions sur la dérive libérale dans J’attends, c’est après un passage un peu introspectif. Mais Éducation Nationale est clairement engagé. »

Classique de scène de Grand Corps Malade depuis plusieurs années, Éducation Nationale porte droit le fer dans la plaie, les collèges sans moyens, les élèves sacrifiés, les profs sans espoir… Le clip a été vu 500000 fois sur internet depuis le printemps 2009 mais ce slam n’était jamais paru sur support physique. « C’est un des textes sur lequel j’ai le plus de retours, un des textes desquels on me parle le plus après les concerts.« 

« 3ème Temps » est aussi un album de moments heureux voire bouleversants, comme avec Définitivement, écrit face à la mer en Guadeloupe à la fin de la tournée, pour son fils qui allait naître quelques mois plus tard, sur une magnifique mélodie de Dorothée Daniel. Et le plus célèbre slammeur de langue française fait aussi entendre sa puissance de jeu dans des textes à la construction virtuose comme L’École de la vie ou Un verbe – ce dernier étant même né d’un exercice proposé dans un atelier d’écriture qu’il anime à Saint-Denis. Car Grand Corps Malade continue à expérimenter loin des regards, à fréquenter les petites scènes, à partager sa passion du slam avec des débutants du stylo. « Mais je me méfie de ce que le Comte de Bouderbala appelle l’undergrose – la maladie de l’underground. » Alors il ne recule pas quand Dominique Blanc-Francard propose de faire appel à des sommités du studio : Denis Benarrosh à la batterie, Michel Amsellem au piano, Nicolas Marsol à la basse, Sébastien Chouard à la guitare. L’essentiel de l’album sera enregistré en direct en studio avec ce quatuor : « Impressionnant. J’ai retrouvé toutes les sensations de la scène, où pas une interprétation ne ressemble à une autre parce que nous sommes cinq mecs en live et sur le fil. » Ensuite, d’autres artistes sont venus apporter leur patte à l’album, comme le spectaculaire harmoniciste Fred Yonnet ou la soprano Élise Oudin-Gilles. Et, comme pour l’adouber parmi les artistes qui auront leur place dans les livres d’histoire de la chanson, Charles Aznavour a chanté en duo avec lui Tu es, donc j’apprends. Un épisode marquant : « Il m’a dit : « Vous écrivez le texte, je fais la musique. » Il n’a pas considéré ce titre comme un duo de plus dans sa carrière. Il m’a surtout demandé d’écrire quelque chose d’inhabituel, de trouver une forme innovante pour notre rencontre. » C’est à ça que ressemble une valeur sûre, pourtant.

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