Scène française
Fabrice Mauss Minuit Passé
Découvrez Minuit Passé, le nouvel album de Fabrice Mauss
« Minuit Passé » qui sortira le 18 octobre prochain, est le nouvel album de Fabrice Mauss, et le début, ou la suite, d’un beau parcours original dans la chanson francophone.
Comme chaque albums, « Minuit Passé » ne s’est pas fait tout seul. Á la différence des discours habituels sur le sujet, Fabrice Mauss en convient tout à fait. Incité à reprendre pied par son directeur artistique (Bertrand Lamblot), il a fait appel au chanteur et producteur Emmanuel Da Silva, et à l’un des monuments de la prise de son, Dominique Blanc-Francard, co-réalisateur des sessions avec Bénédicte Schmitt. Puis, alors qu’il était orphelin de label, Vincent Frèrebeau (ici au tambourin, dans C’est La Vie) et Tôt Ou Tard lui ont ouvert leurs portes. Le chanteur, acteur et spectateur, a ainsi pu contempler ses chansons prendre forme, accepter le point de vue de l’autre, ou se battre pied à pied dans ses convictions. Ce garçon, plein de candeur, mais convaincu de ses capacités, est désarmant de spontanéité.
Alors voilà : « Minuit Passé« , et ces dix chansons qui touchent, comme on peut l’être d’un refrain autour du feu de camp, nous attendent à l’instar d’un rendez-vous d’émotion : c’est de la chanson douce, et française (comme on évoque un certain label de qualité) que nous offre Fabrice Mauss, nourrie d’une voix de confidence, et d’une somptueuse atmosphère acoustique. Les cordes entament parfois une danse de saloon (Le Dernier Train), pour rappeler que le voyage est aussi une fuite, ou une slide guitar et un banjo poinçonnent l’incommunicabilité dans le couple (L’Un Contre L’Autre). Le premier single, C’est La Vie, mêle hardiment refrain enjoué et déclaration désenchantée, voire cynique (Y’a moins de risques à se dire oui pour la vie), alors que dans Je n’Irai Pas Au Paradis, retentit une trompette mariachi, qui n’est pas celle des anges. Plus loin, Fabrice Mauss suit celle qui ne comprend rien (Je mens), s’appuyant sur une confortable ritournelle, comme pour mieux dissimuler la cruauté du propos.
Lorsqu’on lui pose effrontément la question, Fabrice Mauss convient, sans forfanterie, qu’il a davantage quitté que le contraire, pensant que le changement est salvateur, courant en permanence après autre chose. Il est revenu de ces escapades, chargé de désenchantement (Mademoiselle), de la conscience aiguë de la fin de toutes choses (Le Chat), et de l’inéluctable du temps qui passe (Soyons Beaux). Ici, les fracas sont doux (L’Eau Des Roses), mais pas moins destructeurs, et la chanson-titre (Minuit passe, mais l’amour également) constitue un écho doux-amer à toutes ces histoires d’amour qui finissent mal, en général dans la vie, et en particulier ici.
« Minuit Passé » (re)vient donc de loin, de tous ces instants de doute que traverse un artiste, et du recul qu’il sait parfois s’imposer. Mais l’album se construit également dans la franchise (s’il fallait interpréter la chanson d’un autre, ce serait Marlène, de Noir Désir), et la spontanéité du sentiment : mon parcours a été assez chaotique, et j’ai su rebondir grâce à de belles rencontres, à des gens qui m’ont fait confiance, qui m’ont incité à continuer. Ce disque, qui a été conçu d’une manière artisanale, est une histoire de chansons, mais pas seulement : des fois, il faut plus que de simples chansons pour faire un disque, mais un groupe de gens qui ont envie de poursuivre une aventure humaine. Et ici, c’est le cas.