Quel sacré loustic cette Anaïs. On pensait qu’elle s’était calmée après son « Cheap Show ». Que sa désertion du paysage musical français lui aurait fait le plus grand bien. Qu’elle reviendrait moins cynique. Que nenni ! Elle revient avec « The Love Album », encore plus critique, encore plus déterminée à nous montrer qu’on devient presque des imbéciles quand on est amoureux… Mais que voulez-vous, on l’adore et elle nous le rend bien… Et puis, en même temps, il y a que la vérité qui blesse…
Pour cette chronique, vous ne m’en voudrez pas, mais j’ai envie d’écrire une belle lettre d’amour à Anaïs… Eh oui, mademoiselle, je vous aime, je vous kiffe grave, je suis raide dingue de… votre musique… Mais avant les réjouissances, les compliments, les lancers de fleurs, je voudrais bien que vous répondiez à quelques-unes de mes questions. Ok ? Bon, c’est parti ! Alors, d’abord, je voulais savoir, vous parlez d’amour, toujours d’amour… Mais pourquoi avec un tel cynisme? Ok, les artistes parlent toujours (enfin souvent) d’amour dans leurs chansons. Mais, vous, c’est pas pareil… Il y a comme un petit quelque chose, qui ne va pas… Vous voulez en parler ? Parce qu’à force d’écouter vos paroles, je me dis que : soit vous savez ce que c’est d’aimer mais que vous avez eu tellement de chagrins d’amour, que vous en êtes dégoûtée ! Soit, que vous n’êtes jamais tombée amoureuse et que vous vous imaginez des choses un peu cyniques, parce que vos copines sont un peu bêtes quand elles sont grave « in love » ! Soit que (pire que tout !) vous n’aimez pas l’amour ! Quoi, non mais je rêve ! Avec l’amour, on fait tellement de choses formidables ! On ne dit pas que l’amour peut déplacer des montagnes ! C’est super pratique quand on habite Paris et qu’on n’a pas d’argent pour descendre dans les Alpes pour faire du ski ! Non, mais blague mise à part… Avec l’amour, on se sent pousser des ailes, on est plus gentil, on aide la vieille dame à traverser, on est beau… Oui, parce l’amour rend beau (enfin pas tout le monde, j’ai des copains que je pourrais vous présenter, même amoureux, ils restent moches !)… Non, sérieusement Anaïs… Pourquoi vous faites ça ? Pourquoi vous comparer l’amour à une maladie, telle que l’angine ? En plus, une angine c’est pas beau, ça fait mal à la gorge… Ok, Sardou avait chanté « Elle court, elle court la maladie d’amour », mais quand même ! Oui, c’est vrai qu’on croit que le « Premier Amour » sera notre unique et seul amour. Mais de là, à dire que c’est n’importe quoi. Bon, d’accord, il y a du vrai dans ce que vous dites ! Comme aussi sur « Malheureux », où on essaie toujours de savoir pourquoi et comment sa moitié est parfois chagrinée… A force de chercher le pourquoi du comment, on s’embrouille ! J’avoue que j’ai été touchée par votre chanson « Moi qui croyais », car au final, c’est peut-être ça la réponse à mes questions : l’amour vous fait peur !
Bon, voilà pour les critiques, mais je dois vous avouer, chère Anaïs, que j’adore votre façon de voir les choses de l’amour… Car au final, vous n’avez pas si tort que cela au fond… Je voulais aussi saluer vos talents d’auteur-compositeur-interprète… On parle toujours de l’excellente scène française, mais je dois vous confier que si elle si excellente, c’est grâce à des artistes comme vous… qui font tout de A à Z, qui n’ont pas peur d’être décalé, de ne pas entrer dans le moule, de mélanger l’acoustique… Ce n’est pas pour rien que la très exigeante Camille vous avait accordé le privilège de faire sa première partie… Peut-être parce qu’elle a su voir que vous étiez une prodige… Oui, vous êtes une prodige. Ce n’est pas pour rien non plus que le talentueux Dan The Automator (Gorillaz, Loveage…) accepté de travailler avec vous… Merci aussi pour cet excellent remix de « Elle ne sort qu’avec des Blacks ». Continuez à nous faire rire mais aussi réfléchir… Ne perdez rien de votre verve et de votre cynisme… Merci, merci encore pour cet album !
Label : Polydor
