Scène française

L Initiale

Découvrez Initiale, le premier album de L

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« Initiale », le tout premier album de Raphaëlle Lannadère, alias L, est enfin disponible dans les bacs, et la presse musicale ne tarit pas d’éloges à son égard.

Avec « Initiale », L n’est pas du genre à jouer la diva drapée dans quelque hautaine solitude, cela ne pouvait être autrement ! Ainsi, se retrouvent au générique du disque ses partenaires de scène privilégiés, la pianiste Donia Berriri, le violoncelliste Julien Lefèvre, le talentueux réalisateur-arrangeur David Babin, plus connu sous le nom de BabX – et tous ses musiciens. Traquant la nuance ou le détail qui transformera une partie instrumentale, une texture sonore ou un motif rythmique en vertige esthétique, il était, pour L, le seul à pouvoir donner à « Initiale » cette patine nocturne, entre velours noir et clarté stellaire, qui lui confère une envoûtante unité de ton et de souffle. « Avec BabX, on voulait comme préalable que le disque soit plus qu’une simple collection de chansons. On a beaucoup réfléchi aux atmosphères, aux scènes et aux lieux, aux températures et aux saisons qu’il convoquait. Dans les titres plus intimistes, on voulait créer l’impression d’être dans une pièce, qu’on puisse sentir si les murs étaient de bois ou de pierre… Sur chaque chanson, des choses se sont dessinées comme cela, et faisaient souvent appel à des travellings, des errances, des balades dans les rues et la nuit… BabX a cette capacité extraordinaire de scénariser la musique. Ceux qui possèdent ce don-là sont très peu nombreux« .

Créée par chaque musicien, chaque instrument, chaque prise de son, la magie de « Initiale » repose en effet sur une alchimie qui relève autant de la sorcellerie musicale que de la féérie cinématographique. Eclairés avec une science des ombres et des lumières digne des plus grands chefs op’, claviers, guitares, cordes, rythmiques et spectres électroniques créent mieux que des décors : ils inventent un monde, avec ses perspectives ouvertes et ses recoins secrets, ses reliefs et ses profondeurs, ses « aubes sépias » et ses moments volés à la brune, ses échos, ses reflets et ses fantômes. Un monde dans lequel la voix et les chansons de L se glissent, flottent, et se posent avec des grâces et des élégances d’oiseaux de nuit.

La chanteuse raconte qu’entre 15 et 22 ans, elle s’est pris de plein fouet les échappées poétiques de Bataille, Artaud, Michaux ou Genet… Le verbe libre qui court tout au long d’Initiale prouve qu’elle a su faire bon usage des leçons prodiguées par ces maîtres en évasion. « C’est le texte, toujours, qui me vient en premier, c’est lui qui m’évoque la couleur musicale d’une chanson : je m’assois au piano et je cherche, comment dire les mots, comment je veux les entendre. Puis je joue avec des samples, des riffs, des lignes de basse… Je n’ai pas étudié la musique, mon approche des instruments est intuitive, pas conventionnelle, mais j’ai besoin d’aller au bout de mes idées. Certaines chansons d’Initiale sont très fidèles à mes arrangements d’origine (Mescaline, Petite…). D’autres ont été au contraire complètement effeuillées, réduites à leur plus simple expression, avant de revêtir les arrangements de Babx« .

Dans « Initiale », on entend L rêver tout haut dans sa chambre (Je fume, Mescaline), enrobée dans les vapeurs opiacées du sentiment amoureux, dériver au soir tombé dans le cœur des villes (Château Rouge, Romance et Série Noire…), ou encore s’abandonner corps et âme aux bras d’une valse en habit de nostalgie (Les Corbeaux), d’une habanera douce-amère (Mes lèvres) ou d’une mélodie rythmée (Jalouse, Pas de ciné)… Et s’il lui arrive de se heurter brutalement à la réalité (Petite, évocation d’une sans-papier expulsée), c’est pour mieux tracer ensuite de cinglantes lignes de fuite vers les territoires sans limites de l’imaginaire (Initiale, Pareil). Dans cette harmonieuse succession de climats et de situations, L reste cette chanteuse d’une intense légèreté, préférant envisager l’existence par le prisme de l’invention que par le biais terre-à-terre du quotidien. « J’ai commencé à écrire avec plaisir, quand je me suis aperçue que je pouvais me détacher de moi-même. Narrer par le menu mes petits tracas ou mes courses chez Ikea, c’est l’inverse de ce qui me touche, en musique, en littérature ou au cinéma. Après, il a fallu que je débarrasse mon chant de tous ses tics, ses manies. Depuis un an ou deux, j’ai l’impression d’avoir trouvé une unité dans ma voix et mon expression, quelles que soient la tessiture, l’intensité ou la dynamique des chansons. Quand on chante, on ne peut qu’être attiré par cette forme suprême de justesse et d’épure qu’ont atteint des gens comme Billie Holiday, Thom Yorke, Björk ou Lhasa« .

Aujourd’hui c’est sa voix, à elle, qui nous happe. « Initiale » nous appelle et nous attrape. On y entre tout entier, comme on se fond dans les vapeurs enveloppantes du soir. Comme on se perd avec volupté dans la mélancolie des heures d’ivresse et d’égarement.

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