Scène française
Dave Blue-Eyed Soul
Dave est un chanteur Soul
Son coeur « malade pour de bon » a retrouvé tout son tonus. Remis à neuf, Dave en a profité pour revitaliser aussi son répertoire grâce à une potion magique au goût de rythm’n’Blues.
En promenant Swann et Vanina du côté de chez Otis et Aretha, le Hollandais préféré des français se réinvente en chanteur soul, baignant sa voix de ténor au casque d’or dans un groove vintage digne de Stax et de la Motown. Il aurait pu céder à la facilité d’une énième compilation ou du désormais trop attendu album de duos, mais sa collection de tubes méritait une relecture en phase avec l’imépertinence, l’humour, le swing d’une personnalité, à la verve toujours affutée.
Dave a confié le pilotage de ce voyage spatio-temporel à Guillaume Poncelet. trompetiste de talent (membre de l’orchestre national de jazz depuis 2008), ce jeune réalisateur et arrangeur s’est récemment distingué aux manettes du premier album de Ben l’Oncle Soul, resplenissant de pétulance funky et d’ambiance millésimées. Réorchestrant tous les classiques de l’icône seventies, il leur a donné des allures de standards Memphis, gorgé de patine cuivrée, de basse rondelette, d’orgue moelleux, de guitare classieuse et d’une batterie qu’on jurerait frappé par Al Jackson Jr.
Pour le chanteur l’exercice n’allait pas de soi. Comment réhabiller des mélodies qu’on a chanté des milliers de fois, comment réinvestir un répertoire ancré dans la mémoire collective depuis qu’au milieu des années 1970, l’ancien beatnik d’Amsterdam né en 1944 a trouvé le moyen de fusionner sa fascination pour la pop pailletée de Roy Orbison, Gene Pitney ou des Everly Brothers et le romantisme de la chanson française ? Peut-être en se souvenant que l’éternel blondinet, qui enregistra son premier 45 tours, à Londres en 1963, sous le nom de Dave Rich, et participe en 1971, à la comédie musicale Godspell, possède aussi des racines noires. On les entendait dans Trop Beau, son premier succès, adapté de du Sugar Baby Love des Rubettes, et plus encore dans Vanina, dont la nouvelle adaptation rappelle que sa version originale, le Runaway de Del Shannon, était un rock aux accents de Doo wop cuivré.
Si d’élégantes ballades comme Dansez Maintenant ou Est-ce par hasard (partagée ici avec Sylvie VArtan) se fondent aussi bien dans ce nouveau moule, c’est sans doute que la première est d’abord un morceau de Glen Miller, Moonlight Serenade, et la seconde, un titre signé Harold Arlen et Ted Kogler, Let’s fall In Love, toutes deux devenues des standards du jazz, chantés entre autres par Shirley Bassey, Ella Fitzgerald ou bien encore Ray Charles. Suavement ralentie, la nouvelle version de Dansez Maintenant, s’approche d’ailleurs plus de l’univers de Diana Krall, que celui de Tamla Motown. D’autres chansons de Dave et de son auteur fétiche, Patrick Loiseau, ont sans doute été plus dépaysées par ce voyage imbibé de soul. On pense évidemment à Du Côté de chez Swann, archétype de la romance à la française, devenue pourtant, avec la narration de l’ami de quarante ans, Daniel Auteuil, un des temps forts de l’album, ou au duo avec Françoise Hardy sur Il n’y a pas de honte à être heureux. Car c’est tout le piquant de ce disque d’électriser notre nostalgie, de rafraichir nos souvenirs en y insufflant l’impérissable vitalité du R’n’B.
En costume et classe d’époque, Dave confirme ses talents d’entertainer et d’accrobate vocal, toujours prêt à assumer les deux mots clés d’une carrière : « surprendre et donner ». Pour télécharger « Blue-Eyed Soul » et les autres albums de Dave, rendez-vous sur iTunes et Amazon !