Scène française

Anaïs À l’eau de javel

Anaïs décape la chanson fantaisiste d’hier

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Anaïs est de retour avec son troisième et nouvel album baptisé « A l’eau de javel », dans les bacs le 5 mars 2012.

« À l’eau de javel »… Comme un retour aux sources pour Anaïs. Aux sources de ce que fut pour elle la découverte de la chanson quand, toute petite, sa chanteuse préférée n’était pas Madonna mais Lily Fayol, chanteuse fantaisiste française, star des années 1940. La faute à un père mélomane qui glissait dans l’auto-radio de la voiture familiale les airs les plus improbables. Attentive, la petite Anaïs s’est imprégnée de chanson réaliste et de music-hall. Elle a nourri son imaginaire de textes à la fois tristes et drôles.

Il ne faut pas chercher plus loin l’origine du « Cheap Show », son premier disque, cet OVNI qui enthousiasma les foules il y a une poignée d’années. Et de son « Love album » qui, lui, impressionnait par son travail sur le son, avec la complicité du brillantissime producteur américain Dan The Automator. Pour faire court, vous mélangez les deux et vous obtenez ce troisième album.

« A l’eau de javel » peut s’entendre comme un hommage aux formidables chanteuses françaises qui remplissaient les salles dans la première moitié du XXe siècle. Elles s’appelaient Marie Dubas, Mistinguett, Edith Piaf bien sûr, Rina Ketty, Eliane Embrun, Denise Provence… Et elles inventaient un style. « Elles se créaient leur personnage, ce qui faisait qu’après, elles pouvaient tout se permettre. Et elles se permettaient tout. Moi aussi, j’ai besoin de sortir des sentiers battus. Je voulais garder leur folie pour leur rendre hommage mais sur des musiques d’aujourd’hui. » Car le plus fou dans l’histoire, c’est qu’à moins d’être un féru de music-hall, vous n’y voyez que du feu, vous n’y entendez que du Anaïs. Parce qu’elle vous a enveloppé ça de rock, de folk, de swing, de pop, d’électro-dub, voire même de scratches, d’une espagnolade et de diverses fantaisies.

Dans ce troisième album, Anaïs a fait de la chanson fantaisiste, cousine de la chanson réaliste, non pas un souvenir d’hier mais un emballement d’aujourd’hui. Elle a choisi à la fois des chansons d’amour, qui n’ont pas vieilli d’une larme, et des histoires de dérives où drogues en tous genres et pauvreté chronique se rejoignent avec un côté « trash » que ne renierait pas le plus dur des rappeurs. C’est dire la modernité de ces textes. Loin des paroles passe-partout qu’on nous sert trop souvent aujourd’hui, ils sont incisifs et sombres, pétillants et insouciants.

« A l’eau de javel » décape les chansons fantaisistes de nos chanteuses d’hier, c’est certainement pour cela qu’elles méritaient bien de connaître cette seconde vie sous le chant soul d’Anaïs. Sûr qu’elles auraient apprécié !

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