Scène française

Eiffel Foule Monstre

Foule Monstre, le nouvel album de Eiffel

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À peine a-t-il terminé un recueil de chansons d’Eiffel que Romain Humeau commence à rêver à l’album suivant. Par tout temps aux aguets, les sens à l’affût de la moindre humeur, il amasse toutes les petites choses qui vont apporter le ferment des chansons à venir, les odeurs sonores qui viendront épicer de nouvelles saveurs et couleurs le disque d’après. Ainsi est né « Foule Monstre » !

« Foule monstre » s’est reconstruit pas à pas. Au fil de petits matins longs, de séances de jeu en groupe pour sortir des ténèbres au rythme de petites joies musicales simples : fonder un paradigme électronique où les synthétiseurs vintage viennent donner du grain au beat des machines modernes… pour tromper l’humeur. S’autoriser les digressions oniriques et laisser les cordes déplier de grands espaces. Construire un voyage sonore, laisser les guitares tonner la foudre sur deux minutes de Frères ennemis, puis abandonner le tempo de la tension à la matité d’un piano. Laisser la voix glisser dans la force de l’évocation plutôt que d’asséner le message, s’embarquer dans de grandes manoeuvres harmoniques comme si tout à coup Eiffel pouvait être les Beatles ou XTC, et laisser courir sur six minutes une divagation belle à pleurer. La pop a cette vertu de transformer la tristesse en soulagement.

C’est là, dans cette méthode sans manuel, qu’Eiffel a retrouvé la flamme et un décorum cinématographique. Empiriques, les séances de travail ont accouché d’un concept, d’une structure générale à laquelle Romain Humeau a imprimé une patte dans la prise de sons, les arrangements et le mix.

« Foule Monstre » est un disque carrefour, à double sens évidemment. C’est Eiffel : mais autrement, comme Eiffel qui se rêverait Eiffel. Une croisée des chemins pour un groupe injustement considéré comme un « seul » parangon de rock français, et une fantastique invitation, faite à tous les proches, à venir partager le plaisir d’être là. Un disque de vie, bouillonnant comme un poulailler, une cour de récréation, un bastringue de carnaval, une heure bleue où les minarets hypnotisent de leurs mélopées lancinantes. Une chronique du monde dans des textes teintés d’or d’Orient et parfumés de jasmin blanc, chevauchant des purs sangs arabes, pleurant les tsunamis et prédisant les lendemains de Chine.

« Foule Monstre » est un disque de famille où les proches viennent contribuer au moment. Phoebe Killdeer y prend sa part d’angélisme noir sur Chaos of Myself. L’incontournable Joe Doherty y profile ses saxos équilibristes (Libre, Place de mon coeur, Le Même Train). Augustin Humeau, le frangin basson campe sur Foule Monstre et Milliardaire. Shalom surdimensionne les choeurs de la Chanson Trouée. La chorale rafraîchissante des Mysterious Nansouty’s Girls déborde la naïveté (Puerta del Angel, Libre et Lust for Power)… Et puis l’ami Bertrand Cantat, qui comme il en a pris l’habitude, vient se livrer à une joute verbale avec Romain ici sur un Lust for Power, qui rappelle le flow approché par Lennon et McCartney sur Hey Bulldog ou I’m The Walrus.

À la rentrée, Eiffel s’embarquera pour une tournée pharaonique, cent dates entre 2012 et 2013 : de quoi avoir largement le temps de mesurer encore et encore le long chemin musical parcouru en si peu de temps… Ce jour-là, vous y serez !

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