Scène française
Premier Main Square pour Détroit & Bertrand Cantat
Bertrand Cantat navigue entre Noir Désir et Détroit
Après avoir sillonné les « petites » salles depuis le printemps, Détroit, la nouvelle formation de Cantat entame cet été la tournée de la plupart des gros festivals. Ils sont aujourd’hui à Arras. 2004-2014, anniversaire d’une première décennie pour le Main Square, rebaptisé « Rain Square », grâce à la météo, encore pluvieuse peu avant l’arrivée de Détroit sur scène.
Cette décennie là, forcément, Cantat était musicalement presque silencieux, et chronologiquement, Noir Désir n’a jamais pu se produire sur la scène du Main Square. Et c’est hélas à se demander si les festivaliers des premiers rangs majoritairement proches de la vingtaine, en savent quelque chose… « Mais en fait, c’est qui Bertrand Cantat ?« … « Ah ouais, Noir Désir, ça me dit quelque chose…« . Effectivement, ces jeunes oreilles n’ont clairement pas été matraquées (en tout cas ni à la télé, ni à la radio) par l’album « Horizons« . Dans un sens, je trouve ça « Formidable », comme dirait l’autre… « A chacun ses propres goûts » me direz-vous, mais quand même… Non ? Heureusement, le public est divers et varié, et certains inconditionnels sont là quand même, évidemment. Ca promet.
Bertrand Cantat et son acolyte Pascal Humbert arrivent sur scène après le déluge, le ciel et l’Horizon se sont enfin éclaircis quand les premières notes de Droit dans le Soleil résonnent devant les quelques 40000 festivaliers, pourtant pas vraiment éblouis. Arrivent les autres musiciens, le groupe est au complet, Cantat investit les lieux, mais le cœur n’a pas l’air d’y être. Le visage est fermé, il trébuche sur ses propres textes, avec quelques approximations sur les premiers morceaux… Ca promet, bis. En même temps, il ne fallait donc pas compter sur le public, à l’inverse du vent, pour les porter. Au vote à « mains levées », Matthieu Chédid, -M-, qui se produira juste après, obtiendra sans doute la majorité des suffrages. Détroit est visiblement loin d’être tête d’affiche, différence non négligeable entre un concert et un festival, notamment dans le ressenti de la fosse.
Après l’amorce un peu laborieuse, Détroit prend finalement ses marques, et les morceaux de l’album se suivent. La setlist habituelle, écourtée de quelques morceaux de Noir Désir pour cette heure de concert, met en avant les morceaux de Détroit. Ma Muse, Horizons, puis Le Creux de ta main s’enchaînent. Ils sont là, et bien là, mais le public reste assez calme. Petit intermède, avec le retour du Cantat engagé, illustration à l’oral du titre Null & Void, avec prise de position, cette fois pour apporter son soutien à la lutte menée par les intermittents du spectacle, et au passage évoquer « les salauds qui nous gouvernent… ». Ca, c’est du Bertrand Cantat, l’éveil des consciences, et ça marche (aussi) avec la jeunesse. Acclamations.
Puis, sur le fleuve du temps, on remonte (enfin) à contre-courant, arrive le premier Noir Désir, Lazy, suivi du magistral Le Fleuve. Se dévoile un Cantat puissant, bestial, à nouveau habité, sans doute la plus forte et envoûtante prestation de leur set au Main Square, comme à la plupart des concerts de la tournée.
Pour conclure, un Tostaky de 8 minutes, revisité version 2014, réveille immanquablement un peu la foule. Merci, au revoir Arras. « Restez forts, restez bons, restez braves, et battons-nous un jour, ensemble« . Ils sortent de scène, puis se permettent quand même un rappel avec Comme elle vient, « parce qu’on a encore le temps d’en faire une petite » paraît-il.
Après une amorce un peu tiède, la dizaine de morceaux présentée par le groupe Détroit pour les dix ans du Main Square d’Arras, a finalement été à la hauteur du personnage qu’est Cantat. La puissance et l’énergie sont là, incontestablement, même si les émotions circulent un peu moins en festival. La présence de cet artiste sur scène avait sans doute manqué à la dizaine d’affiches présentées depuis 2004. Après cette prestation, c’est désormais chose faite.