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Scène française

Bertrand Cantat entre nostalgie et nouveautés à l’Olympia

Magistral, Détroit s'affiche en lettres rouges et illumine l’Olympia

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Bertrand Cantat entre nostalgie et nouveautés à l'Olympia 4

Soirée parisienne automnale à l’Olympia, avec ce soir en lettres rouges capitales sur la mythique enseigne, le nom de Détroit, la nouvelle formation de Bertrand Cantat.

Depuis la sortie de l’album Horizons il y a à peine un an,  les retrouvailles entre l’artiste et son public se sont multipliées. La tournée des petites salles a débuté au printemps,  avant une première halte parisienne de 5 dates à la Cigale début juin, suivie de la tournée des festivals de l’été. Le groupe est donc de retour dans la capitale pour trois soirées, avant d’entamer pour l’automne la tournée des Zéniths.

25 ans après celui de Noir Désir, c’est ce soir donc le premier Olympia de Détroit. C’est devant une salle comble et un public déjà très communicatif que Salomé Leclercq assure la première partie avec son set solo multi-instrumental, avec notamment une jolie réinterprétation du titre Vingt ans de Léo Ferré, version rock, qui semble ravir la foule.

Peu après 21 heures, c’est enfin Détroit qui arrive sur scène en entamant les premières accords du titre Ma Muse,  morceau à la poésie subtile, qui ouvre l’album et la plupart des concerts. L’ambiance est posée, les premières émotions se distillent, puis ils enchaînent avec Horizons, titre phare de l’album éponyme. Ce soir, privilège de l’instant, Détroit partage la scène, pour quelques morceaux, avec la violoniste et la violoncelliste ayant participé à l’album. Elles apportent ainsi leur touche de finesse et de subtilité pour des moments très intimes avec le public présent. Toutes les cordes vibrent, vocales comme sensibles. Intégré depuis peu à la setlist, arrive le titre Ernestine, absolument superbe. Les univers commencent à se mélanger, celui de Détroit, et évidemment celui de Noir Désir.

Invitée surprise, jouée pour la première fois depuis le début de la tournée, le groupe entame une reprise des Stooges, inattendue et renversante. Bertrand Cantat, survolté, nous offre une prestation monumentale, quintescence du rock pur et brut, en revisitant le morceau Gimme Danger. Au cas où on aurait oublié l’énergie qu’il dégage sur  scène, il nous offre un cours magistral de rock pendant plus de 8 minutes. On est dans l’esprit de Noir Désir des années 90 avec leur reprise de Helter Skelter… Bertrand et son band enchaînent directement avec Le Fleuve, également un des morceaux les plus forts sur scène. De l’énergie presque animale, une transe hypnotique dans un chant quasi chamanique, Cantat est dans son élément, le spectacle donné est splendide.

L’alternance entre les morceaux calmes et les titres plus rock, mais surtout entre ceux de Détroit et ceux de Noir Désir, font voyager émotionnellement dans l’espace temps. Les interprétations se suivent sans se ressembler, Lolita (dédiée à tous les Vladimir), Ange de Désolation, poignant, Droit dans le Soleil superbement accompagné par les cordes du violon et du violoncelle, Un jour en France, actualisée avec « quelques fascisants autour de 25% », rejouée sur scène depuis les élections européennes de mai dernier.

Ce concert, c’est le patchwork d’une vie, de plusieurs même sans doute. Le passé, remis au goût du jour, sublime également l’intemporalité de certains morceaux. Le présent, entouré de Pascal Humbert et des musiciens, l’alchimie entre Bertrand Cantat et son public fonctionne toujours.

Les derniers titres, apothéose du concert, Fin de siècle surpuissant, puis évidemment, la scène et le public déchainés sous les riffs d’un Tostaky, porté par la foule, avant de s’apaiser un peu le temps de Le vent nous portera, précédant la version longue et intense pour le final, d’un Comme elle vient magnifique repris en choeur par l’ensemble de la salle.

« Encore et encore »… C’est ce qu’on aurait envie de demander après ça. On aurait envie d’en vivre encore un peu plus, mais après les longs saluts, remerciements et applaudissements mutuels, les lumières se rallument, et laissent encore aux alentours, dans les yeux, sur les visages et dans les oreilles, les traces d’un moment, en suspension, hors du temps.

Les émotions sont inconditionnelles, comme beaucoup de ceux qui étaient réunis dans cette salle ce soir-là. Cantat, réussit à nouveau à faire vivre, ces moments si précieux, ces moments d’apesanteur lorsque la musique dépasse tout, et à entendre l’enthousiasme du public, cette première date à l’Olympia pour le groupe Détroit aura donc largement été à la hauteur de l’évènement. Reste la suite à découvrir, alors vivement les Zéniths…

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