Scène française
Interview Christopher Stills
Interview Christopher Stills
Zikeo.net vous propose de découvrir l’interview de Christopher Stills, l’interprète de César dans la comédie musicale de Kamel Ouali, « Cléopâtre » qui est Actuellement en tournée dans toute la France.
Tu es né au milieu d’une double culture, je crois d’ailleurs que tu vas nous présenter tes parents ?
Ma mère s’appelle Véronique Sanson et mon père s’appelle Stephen Stills. Pour ceux qui ne connaissent pas, parce que ça fait longtemps, Stephen Stills a fait partie d’un groupe Crosby, Stills & Nash (and Young), un groupe mythique des années 60-70. Je pense qu’en France, sur ma mère, Véronique Sanson, il n’y a rien à dire…
Tu as toujours senti cette double appartenance, dans la musique que tu as faite ?
Tu as déjà sorti deux albums, l’un aux Etats Unis et l’autre en France. Les deux dans le monde en fait. Le premier, je l’ai fait là bas, et le deuxième, je l’ai signé en France chez V2. C’était la première fois que je m’aventurais à chanter en langue française. Les deux ont toujours fait partie de ma vie. J’ai toujours fait l’allerretour entre les Etats Unis et la France. J’avais ma mère, ma tante, et j’ai été un peu élevé par mes grands parents, des Résistants de 40 ! J’ai appris les manières, une façon d’être très européenne, très française, j’ai beaucoup la culture d’ici. En même temps du côté de mon père j’ai été aux Etats Unis, la Californie du Sud, vie paisible, le surf, le ski… J’ai beaucoup de chance.
Tu as pris une option folk-rock et tu es venu progressivement vers la chanson française ?
Oui, et j’y reviens toujours. La route pour moi est un peu longue, parce que j’ai des racines musicales enracinées très profondément, très folk pop rock. J’arrive de plus en plus à la chanson française mais en sortant plus de la musique et en entrant plus dans les textes. Je réalise un peu tard que les plus belles chansons françaises commencent vraiment par les textes, de la manière dont c’est chanté, dont ça prend naissance. Je réalise que c’est plus intéressant quand on commence par le texte. En anglais, phonétiquement, c’est beaucoup plus facile d’accéder à une naissance d’une chanson en faisant « la la la ». Les paroles viennent après. J’ai plus de mal à faire ça en français qu’en anglais.
Comment as-tu décroché ce rôle de César ?
Très bonne question. Ce n’est pas quelque chose qui m’attirait au début. Avant d’être demandé en casting, jamais de la vie je n’aurais pu te dire que je voulais être dans une comédie musicale. C’est un pote à moi qui faisait le casting, il a vu ma photo sur son MySpace. Cela faisait un an qu’ils cherchaient César et il ne l’avait toujours pas trouvé. Ils m’ont appelé. Je passais par là, j’allais écrire en Espagne. Je leur ai dit « Pourquoi pas, je vais faire le casting ». Je suis arrivé au casting avec une grande barbe, je sortais d’une tournée aux Etats Unis et j’avais 10 kilos de plus. J’étais censé connaître les paroles mais je ne les connaissais pas. Ils ne m’ont pas reconnu ! Quand j’arrive sur scène, Kamel, Jackie Lombard, m’ont dit « Vous êtes qui ? » ? J’avais une tête complètement différente. Finalement j’ai chanté, j’ai fait les scènes de comédie. Deux semaines plus tard, j’ai eu un appel de Kamel, en me disant que j’avais le rôle. J’étais bluffé. J’étais chez moi à Los Angeles. Je me dis « Alors tu veux ? ». J’ai fermé les yeux, prié au bon dieu et dit « Oui. » Et c’était parti pour le voyage dans lequel je me trouve là, un très joli voyage.
Quant tu l’as appris, quel a été ton premier réflexe ?
« Comment je vais incarner le personnage de César » ? Tu t’es déjà projeté dans le personnage ? Je me suis projeté dans toute la grandeur et un peu dans l’égo, le savoir faire. César n’était pas n’importe qui, c’était un grand homme qui faisait trembler tout le monde. Pour tout ce qu’il a fait dans sa vie, il faut en vouloir. Je me suis plongé dans l’ambition. Ça m’allait bien, parce que c’était ambitieux pour moi de vouloir faire partie d’une comédie musicale, de vouloir interpréter le rôle de César, de vouloir m’incruster dans un monde que je ne connaissais pas du tout. C’était audacieux.
J’ai cru entendre dire que pour la première représentation, vous aviez fait une sorte de show case pour quelques chansons, et que dès que tu as mis le costume tu as eu le déclic ?
Les costumes y sont pour beaucoup, pour n’importe quelle pièce de théâtre ou de comédie. Ça fait ressortir beaucoup, c’est la pièce manquante du personnage. Je pourrais faire la voix de César là, mais c’est peu crédible comme ça.
J’ai appris que tu avais une drôle de façon de te concentrer avant d’entrer en scène dans le sens où tu as besoin de sentir la foule ?
Avant le spectacle, on a les « ears », et je demande à entendre la foule dans mes ears. Ça met l’ambiance, tu entends les gens arriver, cette foule de 3000 personnes qui passe, ça fait un bruit particulier. C’est l’électricité du moment qui va arriver, l’anticipation. Beaucoup parlent, il y a beaucoup de mouvements derrière. César est une poutre, il est très sérieux, ce n’est pas quelque chose qu’on peut faire à la légère. On peut faire ça avec du charme mais quand même, César est pesant. Il faut que je me concentre, pour rester concentré dans le rôle.
Quand tu arrives sur scène, tu dois être là par ta seule présence comme tu le disais, cette espèce de poutre, alors que les mouvements n’arrêtent pas par moment. Ça a été difficile d’intégrer tout ça ?
Oui, sur « Ce qui me touche », ou « Le serment » il y a des scènes au début sur lesquelles j’étais perdu. Il faut avoir les yeux derrière la tête, et c’était la première fois que je me retrouvais avec tant de personnes sur scène. J’ai l’habitude d’être avec une guitare et 4 mecs derrière moi, assez fixes. Le batteur, tu sais qu’il ne bouge pas. Là il y a des danseurs, des mouvements de partout, l’angoisse de rentrer dans quelqu’un. Mais les danseurs sont très professionnels. Sofia m’a beaucoup aidé, en me disant que tout le monde me voit, et les danseurs aussi. J’ai été beaucoup rassuré par tout le monde autour de moi, et aussi par Kamel « Ne t’inquiète pas, tu fais ton truc, on s’occupe du reste », presque comme s’il gérait le nouvel arrivé, l’Américain ! Ça allait, mais c’est drôle l’impression que l’on peut avoir avec tout ce mouvement autour de soi. César ne fait pas beaucoup de chorégraphies dans le spectacle, il est assez posé.
Je crois que c’est le public. Tous les soirs, c’était blindé. Ce public de comédie musicale, qui vient tous les soirs, des fans qui viennent soutenir. C’est vraiment un soutien que je n’ai jamais vu. C’est assez grandiose. Ils sont tellement présents, ils apportent tellement ! On a passé des mois et des mois à préparer ça. Le premier soir où ça se joue, c’est un rendez-vous magique, mythique. C’est la fois où ceux à qui tu vends le rêve vont voir comment tu le vends. J’ai toujours eu un grand plaisir à retrouver les sensations des autres, celles que je leur donne et celles qu’ils me rendent par leurs applaudissements et leur soutien. Il y a eu des moments où c’est allé vite, d’autres où c’est allé très doucement. On ne s’en sort pas. Trois mois au Palais des Sports, ce n’est quand même pas rien. Il y avait des moments durs où tu en as marre, c’est la routine. Et tout d’un coup, on ne sait pas pourquoi, mais des trucs se passent sur scène, on retrouve une énergie, tout le monde se réveille. Tu sors de scène et tu te dis « Mais voilà pourquoi je fais ça ! ». C’est le grand kif.
Avec un prochain album qui arrivera bientôt ?
Absolument. Je travaille ces jours ci avec des auteurs et je fais des maquettes la journée. Après je viens jouer ici le soir. C’est un peu comme ça.