Scène française
Emmanuel Moire sort l’album « L’Equilibre »
Emmanuel Moire L'Equilibre
Deux ans et demi se sont écoulé depuis l’album « Là où je pars », et Emmanuel Moire revient aujourd’hui avec « L’équilibre », un deuxième opus qui porte bien son nom.
Avec son nouvel album, Emmanuel Moire nourri des expériences passées, des trop pleins qu’il fallait régler, des manques à combler. « Sur scène, j’ai constaté que je n’avais pas de chansons rythmées. Mon premier album était essentiellement composé de ballades ; j’avais besoin d’une autre énergie. Je m’y suis collé ».Banco ! Pour « L’équilibre ». Ici, Emmanuel Moire revêt de nouveaux habits musicaux. Et ils vont surprendre… On le voyait en impeccable chanteur à voix, destiné à un univers romantique, et bien on se trompait lourdement. Cette fois-ci, l’artiste fait une intrusion dans l’électro-pop, et le moins que l’on puisse dire est qu’il y a trouvé d’emblée sa place. Pour s’assurer la réussite de ce pari, il a fait appel à des pointures comme Christian Lieu « Ninja Mix » (Justin Timberlake, Lord Kossity) a co-réalisé l’album à ses côtés. Jérôme Devoise (Archive, Mylène Farmer) en a assuré le mixage. Quant aux textes, c’est son ami et auteur Yann Guillon qui si colle. A une exception près puisque la fidèle Claire Joseph, avec qui il chantait en duo sur le titre Merci signe ici un titre avec Doriand intitulé Habillez-moi.
Mais que l’on ne s’y trompe pas, Emmanuel n’a pas fait « L’équilibre » pour surprendre. « Ce disque est en accord avec ma vie d’aujourd’hui. Il me ressemble à 200 %, ce qui n’était pas forcément le cas du précédent. Aujourd’hui, je ne suis plus le même ; je n’ai plus les mêmes choses à dire ; et surtout j’ose affirmer qui je suis. Que ça plaise ou non ! ». Cet albuml est donc un disque miroir, d’où se dégagent d’emblée des thèmes récurrents, presque obsessionnels tel que la cicatrisation des blessures du passé, l’acceptation de soi, l’apaisement, la vie après la scène aussi, lorsque les projecteurs s’éteignent et que les difficultés et les peurs de Monsieur tout le monde se dressent sur notre route.
Le titre qui ouvre l’album est Suite et fin qui en est d’ailleurs la parfaite synthèse. Il aborde tous les sujets rencontrés sur « L’équilibre ». En bref, ce que l’on a vécu et avec lequel on fait tant bien que mal, et ce vers quoi l’on tend, cette énergie qui nous y mène tout droit avec certitude. La sérénité, en quelque sorte.
Preuve en est avec le premier single extrait de l’album Adulte et sexy, « Le message est simple ! la sexualité reste taboue, et pourtant elle fait partie de nos vies à tous ! Arrêtez de vous poser tant de questions. Lâchez prise ! L’essentiel est d’être en accord avec soi-même, de faire ce qui nous ressemble. S’en suivent plusieurs titres très dancefloor qui donnent ses couleurs électro à l’album (« L’Adversaire », « Promis », « Mieux vaut toi que jamais »…). Efficace en diable, l’artiste démontre là son incontestable talent de mélodiste. « Je n’ai pas cherché à faire dancefloor coûte que coûte. De toute façon, je ne fais pas de la musique de clubs. Je n’abandonne pas la variété pour l’électro. ».
Les quelques ballades présentes ici rassureront les fans de la première heure sans jamais déstabiliser les nouveaux venus. Le titre Dis-moi encore nous bascule dans une respiration lounge tandis que Retour à la vie et surtout le bouleversant Sois tranquille qui a été écrit en hommage à son frère jumeau disparu, sont dans un registre plus électro-symphonique électro, là où les cordes soulignent l’émotion d’une voix.
Sois tranquille, est un des moments de grâce de cet album, par sa force, par les mots dits, et ces silences qui suggèrent beaucoup. « C’est le seul texte avec « L’Adversaire » que j’ai co-écrit avec Yann. Je ne pouvais pas faire autrement. Parler de la mort de quelqu’un qu’on aime n’est évidemment pas facile, mais je me devais de faire cette chanson. J’essaye d’oublier mon deuil pour lui laisser la place. C’est mon frère qui me dit « Sois tranquille », pas le contraire. »
Dans cet album il y a aussi les coups de gueule qu’autrefois il ne se permettait pas. Celui d’Habillez-moi, à l’adresse des ceux qui ont la critique un peu trop facile. Ou encore celui de L’Adversaire contre ces autres qui appuient systématiquement là où ça fait mal et sont prêts à vous faire tomber pour mieux vous dépasser.