La chanteuse Maurane revient avec un nouvel album

Quand Maurane chante Nougaro, ce n’est pas uniquement une artiste qui interprète Claude, ou Bruxelles qui revisite Toulouse. il s’agit bien ici de l’hommage d’une chanteuse actuelle à un monument de la chanson contemporaine, rien à voir avec un disque de reprises, mais plutôt un album de surprises. Une rencontre avec la carrière de Claude Nougaro, revue par celle qu’il considérait comme sa digne héritière.

L’idée a germé il y a déjà plusieurs mois, à l’orée d’un anniversaire, celui de Claude Nougaro qui aurait eu 80 ans cette année. Pour Maurane, l’occasion était trop belle de célébrer à la fois le maître et l’ami, celui qui l’a soutenue et accompagnée, de sa présence amicale et paternelle. Comme elle le dit elle même : »Il a failli plusieurs fois m’écrire des chansons. Sur son dernier album, « Blue Note », il m’avait demandé d’interpréter en duo avec lui le titre « L’espérance en l’homme ». Il est parti avant… »

Deux parcours et deux destins pas si éloignés que ça, puisqu’avec un père chanteur d’opéra et une mère pianiste pour Nougaro, un papa directeur de conservatoire et une maman pianiste pour Maurane. Qui avait à peine une dizaine d’années quand elle tomba amoureuse d’une chanson de Nougaro, intitulée La mutation, qui évoque la fusion d’un couple.

Plus tard, à l’occasion de concerts, l’adolescente, auteur-compositeur, réussit à faire passer à Nougaro des cassettes de ses chansons. En retour, Claude lui écrivit une lettre, dans laquelle il détaillait les travers dont lui semblait souffrir les premiers essais de la future artiste, Maurane. Malgré les années, celle-ci peut en réciter par cœur de longs extraits. Un soir de 1980, Claude Nougaro était venu écouter dans un café-théâtre montmartrois la jeune débutante en herbe. Plus tard il l’avait inviter à venir partager un récital au New Morning et à l’Olympia. Le début d’une belle amitié. Maurane raconte qu’aujourd’hui encore, quand elle écrit une chanson, elle a souvent l’impression que Claude est là, derrière son dos.

Dans ce disque se trouve seize chansons, dont un titre inédit sur la version digitale de l’album, triées sur le tas avec le soutien d’Hélène, l’épouse de l’artiste disparu. Un choix qui s’est avéré difficile dans se répertoire à la richesse foisonnante. La difficultée était ici, que les chansons de Nougaro devait pouvoir être chanté par une femme et représentatif des différentes époques de Claude. Comme les chansons incontournables du chanteur disparut tel que Armstrong, Le jazz et la java, Dansez sur moi, Toulouse, Bidonville ou encore La pluie, sans oublier le fougueux Tu verras, promesse partagée avec Calogero. Mais aussi des pépites moins connues, comme L’espérance en l’homme qui donne son titre à l’album intitulé « Allée des brouillards », La danse ou le voluptueux et comique « Gratte moi la tête ». En tout seize chansons réalisés par Alain Cluzeau et habillés des arrangements foisonnants, guitares, cordes et cuivres entre big band élégant ou flamenco-jazz agile, de Louis Winsberg (Sixun, Jaléo), David Lewis (Paris Combo), Fred Pallem (Le Sacre du Tympan), et Dominique Cravic (Les Primitifs du Futur).

En bref, un disque émouvant et dense, dans lequel Maurane s’appropriant les mélodies avec une tendresse respectueuse et une émotion contenue.