Scène française
Interview groupe Archimède
Interview
Avec le premier album d’Archimède, il va falloir compter avec ce groupe mené par deux frères pour qui pondre un tube semble être aussi naturel que manger.
D’où vient « Archimède » ?
Nous on vient de Laval, une petite ville située entre Renne et Le Mans, en Mayenne. Le nom Archimède vient du gout prononcé que j’ai pour la philosophie grecque et les vieux savants barbus. J’aime bien les penseurs de la Grèce ancienne. Ce nom n’est pas trop connoté, ça peut être de l’électro, du rock, du hard rock, de la pop… Ça oblige l’auditeur à avoir une oreille attentive sur le contenu du disque.
D’où vient cette poussée de rock ?
Elle vient de notre jeune âge. On a baigné dans le rock anglo-saxon et dans le yé-yé français depuis tout petit. C’est au confluant de ces deux influences, yé-yé et chanson française 60s pour les textes et l’univers de dérision. Et d’un autre côté le rock anglo-saxon pour les mélodies et l’énergie sur scène. La pop anglosaxonne est aussi présente dans le disque. Notre petit slogan pour définir Archimède c’est la « pop franglo-saxonne ». On est au confluant des 60s françaises et de la brit’ pop des années 90-2000.
Ça fait un petit moment que vous faites de la musique, et vous êtes frangins.
Hélas ! On est frères. Ça a du bon, beaucoup de mauvais… Non, c’est bien, ça autorise une complicité quand on fait de la musique, on se dit les choses frontalement quand il amène des mélodies pourries et moi des textes pas bien ficelés. On se dit les choses, on avance d’autant plus vite quand il s’agit de mettre une chanson à la poubelle, que l’un ou l’autre estime mauvaise.
Vous êtes très complémentaires ? J’ai entendu dire que l’un d’entre vous est plutôt amateur de rap ?
Quand j’étais plus jeune, j’aimais bien le hip hop mais ça ne transparait pas du tout dans le disque d’Archimède. J’aime bien les groupes comme NTM ou Assassin.
Il y a un morceau sur l’album qui parle de Paris, Passe par Paris, il y a un flow un peu parlé !
C’est moi qui l’ai composé, ses influences deviennent les miennes. On a vraiment une complicité musicale. On sait très bien où on va, il n’y en a pas un qui va écrire un texte complètement incohérent avec ce que va penser l’autre. Idem en musique, on ne va pas inventer un truc bossa nova ou latino. On sait où on va, sans se prendre la tête. C’est vrai que « Passe par Paris » est un peu électro hip hop, j’étais content de pouvoir déblatérer un flow.
Au niveau des textes, on a la sensation que vous partez d’un petit pied dans le réel et la tête dans les étoiles. Vous êtes un peu observateur et en même temps il y a des choses qui sont assez dans le surréalisme.
On n’est pas dans la filiation des chansons françaises qui racontent le petit quotidien. Toutes les chansons racontent une histoire, j’ai besoin d’un rapport narratif aux chansons. Il faut qu’on embarque les gens dans une histoire, mais l’histoire peut être surréaliste. Le dernier morceau de l’album, « Dussè-je », est un pastiche des poètes « pouet pouet » des années 80, « je déplacerais les montagnes, je traverserais les océans… ». Là c’est, « je boirais la mer Caspienne à la paille ou je descendrais l’Himalaya en bobsleigh ». J’aime bien faire des chansons d’amour un peu surréaliste dans ce style là. Ce n’est pas la chanson française classique d’aujourd’hui où on raconte une petite histoire.
Quand on vous écoute, quand on t’écoute chanter en particulier, il y a ce côté Titi parisien. Pour un groupe de Laval, c’est marrant cette petite pointe « Titi » !
Oui, on me l’a déjà dit, c’est un petite gouaille un peu branleur. Pourtant on n’est pas du tout de Paris. On n’est pas si loin. On n’est pas de Paris mais on est très branleur !
Il y a aussi une façon de déclamer, dans la gouaille ?
C’est surtout une question de tessiture. Je me sens à l’aise quand je chante assez haut, comme Dutronc, je n’aime pas chanter bas, surtout quand c’est amplifié avec un micro. Plus on chante haut plus on a l’impression qu’il y a une sorte de gouaille un peu Titi.
Justement, Jacques Dutronc est un de vos héros non ? Pourquoi ?
Je trouve qu’il concentre toutes les qualités d’un artiste digne de ce nom, l’élégance, le raffinement. Il n’écrit pas les textes mais il travaille avec des belles plumes. Il a ce côté dandy mais en même temps il est super drôle. C’est classieux. En même temps, je ne suis pas sur qu’il l’était tout le temps quand on lit sa bio… Mais j’aime bien le personnage, il est dandy mais il a embarqué tous ses potes en tournée. J’adore ce qu’il représente. Mais j’adore aussi Michel Polnareff dans les compositeurs français.
Vous ne vous défendez pas dans un esprit indé, vous vous revendiquez même comme étant populaire non ?
Populaire mais pas franchouillard. Populaire dans l’humour, le décalage et le second degré plutôt que dans le festif. C’est vrai qu’on ne fait pas de la musique pour s’engager dans quelque chose, on est déjà engagé dans la musique, c’est déjà énorme. Aujourd’hui, on n’a pas de message, on n’est pas engagé sur des textes. Musicalement on ne se pose pas de question, on compose à l’instinct, c’est spontané.