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PJ Harvey Let England Shake

Découvrez Let England Shake, le nouvel album de PJ Harvey

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Le 14 février prochain sortira dans les bacs « Let England Shake », le nouvel album de PJ Harvey qui fait suite à l’excellent « White Chalk ».

Le nouvel album de PJ Harvey a été enregistré dans le Dorset, dans une église du XIXeme siècle perchée sur une falaise surplombant la mer. Il a été élaboré avec plusieurs musiciens, parmi lesquels figurent les alliés de longue date Flood, John Parish et Mick Harvey. Cet album, le huitième de PJ Harvey, fait suite au succès de « White Chalk » (2007), et à l’oeuvre collaborative de Harvey et Parish « A Woman A Man Walked By ».

Voici pour les faits. Mais ce qui fait de « Let England Shake » un album remarquable est indissociable de sa musique, de son ambiance inoubliable et surtout de ses textes. Si les oeuvres passées de Harvey ont pu donner l’impression de s’inspirer directement d’émotions vécues, ce nouvel album est assez différent. Ses chansons se concentrent sur son pays d’origine, mais aussi sur des événements plus lointains auxquels il est lié. Les paroles reviennent par instants sur le thème de la guerre, du destin des hommes qui doivent combattre, et sur des événements distants de plusieurs siècles, de l’Afghanistan à Gallipoli. L’album que forment ces chansons n’est pas une oeuvre protestataire, ni un manifeste socio-politique collet-monté. Il déborde du mystère et du magnétisme dans lesquels excelle la chanteuse. Mais son écriture en particulier atteint ici de nouveaux sommets à couper le souffle, dans lesquels les aspects humains de l’histoire sont poussés au premier plan. Pour dire les choses simplement, peu de gens font ce genre de disque.

« J’ai davantage regardé vers l’extérieur« , PJ Harvey déclarait-elle à Andrew Marr de la BBC, à l’émission duquel elle a participé en mai dernier. « Je crois qu’une grande partie de mon travail a souvent fait référence à ce qui se passe à l’intérieur de soi, aux émotions qui s’y développent. Cette fois, je me suis tournée vers l’extérieur. Il ne s’agissait pas uniquement de regarder l’Angleterre, mais aussi ce qui se passait dans le monde et dans l’actualité internationale. Et d’essayer de regarder tout cela du point de vue des hommes, car je ne me sens pas capable d’adopter un point de vue politique dans mes chansons…. Je chante en tant qu’être humain affecté par la politique, et cela est pour moi une manière plus intéressante de voir les choses… parce que la musique protestataire se pose souvent en donneuse de leçons, et ce n’est pas ce que je souhaite.« 

En guise d’introduction, voici le début de la chanson donnant son nom à l’album : « L’occident s’est endormi. Que tremble l’Angleterre/submergée par les morts silencieux. » Comme beaucoup d’autres éléments du disque, l’arrangement et la mélodie se font l’écho de musiques ancestrales, mais nous entraînent aussi vers de nouveaux horizons : identifier une quelconque influence dominante sur cette musique est quasi-impossible. Les paroles font référence aux illusions post-impériales de l’Angleterre, et à un infortuné soldat partant pour le front, des thèmes récurrents dans The Words That Maketh Murder, All And Everyone, et Hanging In The Wire. Mais il y a autre chose : une brillante description poétique de l’Angleterre elle-même, un vieux pays ployant désormais sous les ans et l’expérience, et dont l’histoire est gravée dans le coeur et l’esprit de ceux qui y vivent. Une des chansons de l’album, baptisée tout simplement « England », dit clairement les choses : « Je vis et je meurs/à travers l’Angleterre./Cela laisse/de la tristesse./Cela laisse un goût,/ un goût amer.« 

« Let England Shake » évoque les incertitudes de 2010, mais se projette aussi vers des époques révolues et des lieux faisant partie de notre mémoire collective. En harmonie avec de telles intentions créatives, la musique possède un souffle et un pouvoir émotionnel rares. Presque vingt ans après ses premiers albums, ce disque prouve non seulement que son auteur refuse l’immobilisme, mais aussi que sa confiance en sa créativité est au plus haut. On peut dire sans se tromper qu’on n’a jamais rien entendu de tel.

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