pop-rock
Interview Muse
Muse en interview c’est du lourd !
A l’occasion de la sortie de « The 2nd Law », le nouvel album de Muse, Zikeo.net est parti à la rencontre du groupe afin de parler avec lui de son nouveau-né discographique.
Pour ce nouvel opus on a l’impression que vous vous êtes laissés aller à vous faire plaisir ?
Chris Wolstenholme: On s’est vraiment bien éclaté pendant cet enregistrement. J’espère que ça se sent à l’écoute de l’album. Il y a quelques passages vraiment positifs dans ces chansons. Je pense que nous nous sentons tous plutôt biens en ce moment.
Dom Howard : J’ai l’impression que c’est ce que nous avons fait de mieux à ce jour !
Matthew Bellamy : On a vraiment réalisé ce disque dans un état d’esprit d’aventurier. Tout semblait facile ! Parfois on riait de voir à quel point tout sonnait différemment.
Votre groupe semble composé d’une vraie bonne base solide, qui a permis l’émergence de grands morceaux à l’instar du titre Madness, votre premier single, avec sa rythmique électro, qui sonne à la fois tout à fait et pas du tout comme du Muse ?
Matthew Bellamy : Je voulais faire quelque chose de très minimaliste, ce sont pour l’essentiel les douze mesures du blues. Je pense que c’est probablement la meilleure chanson que je n’ai jamais écrite et c’est aussi l’une des plus personnelles. Elle parle de certaines disputes, lorsqu’elle part en claquant la porte et qu’on se retrouve tout seul, à ce moment-là en réfléchissant un peu on se rend compte qu’elle avait raison, bien sûr c’est elle qui avait raison !
Chris, a signé deux chansons très intimes et personnelles de « The 2nd Law », Save Me et Liquid State. La première est inspirée de son groupe favori, les Beach Boys ; la deuxième est un boogie très péchu. Pourquoi ?
Chris Wolstenholme : Nous avons sortis deux ou trois albums qui étaient assez conceptuels, je trouve que c’est agréable de revenir à une écriture plus intime, même si parfois ce n’est pas facile de dévoiler ses émotions devant tout le monde.
Matthew Bellamy : La chanson Big Freeze parle également du couple. L’aspect le plus frappant de ce titre reste néanmoins le son résolument inspiré des années 80, tout en restant pour moi très proche de ce que nous faisons sur scène, avec un côté très rentre-dedans, puissant et brillant.
Chris Wolstenholme : ça rappelle un peu INXS ! Avec une bonne grosse caisse claire. Je sais que pour certains ce son risque de paraître un peu ringard, mais à l’époque c’était nouveau. Depuis cela paraît un peu daté, mais on a eu envie de le remettre au goût du jour. On sent également l’influence de U2, en fait il s’agit tout simplement d’un mélange de tout cela, avec quand même un enregistrement actuel.
Supremacy, le titre qui ouvre l’album, a été l’un des premiers sur lequel le groupe a travaillé. La première ébauche de Matt a tout de suite interpellé Chris paraît-il ?
Chris Wolstenholme : Parce que ça partait un peu dans tous les sens. Au début le morceau démarre comme du métal un peu grunge, et puis dès qu’on arrive au couplet, ça devient de la pure musique de film. Je me souviens avoir dit à Matt que ça me rappelait les Wings.
Dom Howard : On mettait des couches et des couches de caisse claires. Il y avait des tonnes de tymbales, de grosses caisses et de percussions étranges. Nous voulions que ça sonne comme une fanfare déboulant juste derrière l’orchestre avant de partir dans un délire à la Live And Let Die ! On avait l’impression que ça sonnait différemment. On voulait vraiment que ce soit un bon gros titre de rock pour les stades. C’était cette idée là qu’on avait en tête en l’enregistrant. On avait une sono énorme qui faisait vibrer toute a pièce. Puis le couplet part dans une direction complètement différente, un petit clin d’oeil à Ennio Morricone, dont l’influence se fait déjà sentir dans Knights Of Cydonia.
Dans les précédents albums de Muse, certaines envolées orchestrales s’inspiraient de Rachmaninoff et Berlioz. Cette fois, il s’agit de compositeurs contemporains et de légendes d’Hollywood comme Hans Zimmer et John Williams.
Matthew Bellamy : Les musiques de film ont été une source d’inspiration sous-estimée dans mon écriture. Dans « The 2nd Law », j’ai marié cette passion avec celle de la musique classique. J’adore le son pompeux des musiques des films d’action, de science fiction ou d’aventure.
Cette démarche est aussi pour Muse une façon de conclure l’album par un clin d’oeil ?
Matthew Bellamy : J’aime bien évoluer avec le public, et je sais que dans certains concerts, on voit juste un type sur scène avec son ordinateur portable. Notre défi avec The 2nd Law: Unsustainable était de créer un titre du même genre que l’on pourrait jouer sur scène avec de vrais instruments. Une version organique de cette nouvelle scène électro qui se développe un peu partout.
Dans le même esprit Follow Me sonne comme du Justice ?
Chris Wolstenholme : En fait il s’agissait au départ d’une démo assez banale, jusqu’à ce qu’on décide de remixer le titre entièrement et de le confier au producteur Nero.
Matthew Bellamy : On était content de le confier entièrement à une autre personne. Enfin pas tout à fait, puisque Follow Me est la seule chanson de « The 2nd Law » directement liée à ma paternité récente. En effet, le beat qu’on entend au début de la chanson, est en fait l’enregistrement des battements de coeur de mon fils avant sa naissance.
Explorers, tout comme la chanson qui a donné son nom à l’album, aborde des questions plus philosophiques comme l’épuisement des ressources de la planète, tandis que dans Big Freeze et Madness parlent des hauts et des bas dans les relations amoureuses.
Chris Wolstenholme : « The 2nd Law » est loin d’être un album sombre. Certes il y a parfois des aspects négatifs, mais l’important c’est la manière dont les êtres humains s’en sortent, ce qui est plutôt positif.
De toute manière un album qui réunit un hymne olympique et une chanson ressemblant à du Queen en mode disco, comme Panic Station, ne se prend pas totalement au sérieux ?
Matthew Bellamy : On n’avait pas peur de faire un morceau qui soit tout simplement dansant ! Il y a dans cet album une certaine originalité qui le rend drôle, et je ne pense pas qu’il se prenne trop au sérieux, même si certaines paroles le sont. J’irai même jusqu’à dire qu’on s’est franchement bien marré en réalisant ce disque, nous étions dans un état d’esprit très positif, bien plus que sur n’importe lequel de nos précédents opus, c’est certain.