pop-rock
Morrissey Years of refusal
Morrissey Years of refusal
Morrissey se trouve désormais en concurrence avec son propre travail du temps des Smiths.
Certains le renient tout simplement parce qu’il refuse de refaire la même chose, tous convaincus qu’il sont que Morrissey se préservent uniquement pour les narguer. Mais Morrissey se doit d’avancer ; il faut se renouveler, remplacer sa vie par des chansons, sa façon de vivre éternellement, ne jamais s’épuiser. Chanter pour The Smiths lui a permis d’exprimer ses blessures et découvrir une liberté qui allait rapidement devenir étriquée par les attentes des autres.
Maintenant si ses chansons ont un côté récurrent, peut-être réconfortant, elles ne se répètent pourtant jamais. Certaines sont plus profondes, plus sucrées, plus méchantes, plus sages. Si sa touche acerbe, sournoise est moins présente par endroits, un côté laconique, étincelant, surgit ailleurs. Il s’agit surtout de continuer sans comparer comme font les fans et les critiques, simplement en écrivant des chansons qui reflètent son état d’esprit (même si cela n’est pas toujours simple). Celui qui a écrit ces chansons si précieuses et torturées à 20, 30, 40 ans, pendant les années 70, 80 et 90 est toujours la même personne, mais différente, justement parce qu’il a déjà écrit ces chansons-là, et parce qu’il a décidé de continuer. Comment lui demander raisonnablement de ressentir la même chose qu’il y a 25 ans ?
Malgré ceux qui pensent qu’il a perdu de son mordant, Morrissey est toujours farouchement indépendant, intransigeant et vigoureux. D’album en album, de chanson en chanson, couplet en couplet, crépuscule en crépuscule, il relate son quotidien, une vie tragi-comique propulsée par des disparitions, le manque, la misère et le regret, une histoire qui formera – un jour – un ensemble où chaque chanson de chaque époque aura sa place.