pop-rock
Muse Drones
Muse présente son septième album
Muse est de retour avec « Drones », une œuvre de science-fiction aiguisée, théorique et ambitieuse, narrée via des riffs rock pachydermiques, disponible en téléchargement sur iTunes.
« Drones » s’ouvre sur Dead Inside et se termine avec le morceau titre, bornes d’une narration clairement séparée entre un début, un développement et une fin. On y retrouve des thèmes chers à Muse sur ses précédents travaux : La prise de contrôle de l’humanité par la technologie, les tromperies et corruptions de la hiérarchie intrinsèque à notre société ainsi que le va et vient entre déception et joie qui vient ronger une relation tournant au vinaigre. Cependant, tout débuta avec le concept de « décisions meurtrières » et la lecture par Matt de livres parmi lesquels « The Psychopath Test » de Jon Ronson ou « Predators : The CIA’s Drone War On Al Qaeda » du journaliste Brian Glyn Williams abordant l’efficacité des drones tueurs au courant de la dernière décennie. Pas étonnant, à la lecture de ces écrits, que Matt se mette à y réfléchir constamment.
Dès lors, la simple idée que le politicien le plus influent de la planète ait pouvoir de vie ou de mort sur des étrangers à distance via une télécommande le hante, tout comme le fait que nous nous dirigeons vers une époque où les autorités pourront mettre fin à une vie sans aucune implication humaine directe. Les drones planeraient alors au-dessus des zones visées, assassinant des cibles via la reconnaissance faciale ou GPS. « Drones » devint ainsi pour Bellamy une métaphore de ce que signifiait la création d’une machine à tuer dénuée de toute capacité à ressentir, l’outil psychopathique ultime. Bien sûr, cette image se décline en bien des niveaux. Tout commence avec Dead Inside, alors que le protagoniste créé par Matt, un anti-héros à la Orwell, perd toute capacité à ressentir quoi que ce soit.
Voilà donc l’osé et extrêmement ambitieux concept coulant dans les veines de « Drones ». Mais l’album tient cependant en son sein une idée auquel chacun peut s’identifier : Celle de prendre sa vie à bras le corps et regagner le contrôle des situations et relations qui peuvent nous entraver. Le processus d’enregistrement fait absolument sens avec les intentions du groupe. Voilà bien le but premier, le plus introspectif aussi, derrière « Drones » : reprendre possession de leurs racines. « The 2nd Law », leur opus précédent, était un album de studio, sans dimension de groupe. On entendait le trio repoussant leurs limites en termes d’orchestrations, d’électroniques et d’utilisation d’effets. Une opportunité également pour eux de développer leurs capacités de producteurs, prenant entièrement les reines mais délaissant ainsi quelque peu leur alchimie musicale. Cette fois-ci, l’idée était de retourner aux sources, juste 3 personnes jouant dans la même pièce, reprenant le contrôle aux mains des machines en quelque sorte…
Avec « Drones », Muse entend ramener au premier plan la notion d’album comme forme vitale d’art mais aussi réaffirme son identité de trio rock surpuissant. Enfin, leur souhait est de renforcer le sentiment d’unité et de communauté au sein de leurs fans et les inspirer à utiliser leurs passions et leurs combats pour les causes auxquelles ils croient à l’heure où notre monde est de plus en plus toxique. Le plus fou étant l’ambition et le besoin d’avancer qui anime encore le groupe, convaincu qu’ils n’ont pas à ce jour atteint leur zénith.