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Interview Eros Ramazzotti

Interview Eros Ramazzotti

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Interview Eros Ramazzotti 4

Deux ans après la sortie de « e² », son album de greatest hits certifié dix fois disque de platine et meilleure vente de l’année 2007 en Italie, Eros Ramazzotti est de retour avec « Ali E Radici », un onzième opus de nouvelles chansons.

Votre dernier album avant celui-ci était un best of, étiez vous concerné par le choix des chansons qui l’ont constitué ? Que pensez-vous de vos chansons précédentes aujourd’hui ?
Ce best of était un disque pour le moins inhabituel, car j’y ai refait de nombreuses chansons. Nous avons réalisé un gros travail qui, en tout, aura duré plus d’un an, avec des producteurs et des arrangeurs issus des quatre coins du globe, raison pour laquelle cela nous a pris autant de temps. En réécoutant mes chansons, je me dis que ma voix n’avait pas la même maturité, qu’elle était plus adolescente. Même les chansons étaient différentes, l’harmonie y était moins marquée. Aujourd’hui, l’harmonie – ou les accords, pour être plus précis – est un peu différente, un peu plus complexe. Mais ça va, c’était la voie à suivre, l’évolution qui s’imposait.

Comment et quand avez-vous commencé à écrire les chansons de ce nouvel album ?
J’ai tout un tas d’idées, je les mets chaque jour sur CD, dans mon studio où je suis toujours en enregistrement. Quand j’ai une idée, je la fige et je la mets de côté. Quand nous avons décidé de commencer à enregistrer le disque, nous avons pris cette idée et l’avons mise au point, ensemble. Je dis « nous », car je travail avec Claudio et Gullit pour la musique, d’où ces projets multiples.

Le premier single Parla con Me, et plus encore la vidéo, parle du danger de la technologie, qui isole les gens plutôt qu’elle ne les rapproche.
Qu’est-ce que j’en pense ? Mon idée était de montrer que c’est mieux d’utiliser la technologie plutôt que d’être utilisé par elle ! Si tu veux t’entendre avec les gens, je pense que tu dois tout d’abord communiquer. C’est de cela que parle ma chanson, de combien il est difficile de communiquer, spécialement avec les jeunes. Les plus jeunes en particulier préfèrent « chater » sur internet avec des gens qui vivent à 50 mètres plutôt que d’aller les voir, frapper à leur porte, et leur ouvrir leur coeur et leur esprit. Je pense que les ordinateurs et la technologie sont importants, mais comme je le dis depuis un moment, on doit se servir de la technologie et non le contraire.

A part la musique, quels sont tes hobbies ? Aimes-tu le sport ? Une équipe préférée ? Un champion italien que tu admires particulièrement ?
Oui j’aime le sport, je joue au foot, je suis un supporter de la Juve, j’aime beaucoup Valentino Rossi, je suis un fan inconditionnel de Ferrari, même si l’écurie connaît quelques déboires… et c’est tout. Pour le reste, je fais un peu de tennis, et je fais en sorte de garder la forme, aussi bien physiquement que mentalement.

Parles nous du son du nouvel album ainsi que du design de la pochette et du livret. Tu as travaillé à Los Angeles, penses tu avoir un son plus américain, plus rock’n’roll ? Et sur les photos du livret il y a des références à la culture américaine aussi ?
Vous savez, pour moi l’important, c’est de bien travailler une chanson, avec un texte profond, qui ait un sens. Après, on peut très bien l’habiller comme on veut. L’important, c’est qu’elle sonne juste et qu’elle parle aux gens, qu’elle leur aille droit au coeur, qu’il y ait une interconnexion entre les autres et moi. Ces photos, je les ai faites avec Bruce Weber, l’un des plus grands photographes au monde. Elles représentent Eros, mon visage, ce que je suis en ce moment. Elles n’ont pas été retouchées… seuls quelques infimes détails ont été rectifiés sur Photoshop, mais c’est moi. Les musiciens américains et leur façon de jouer m’ont certes influencé, mais ce disque reste 100% italien.

« Ali E Radici » pour les gens qui ne parlent pas italien, ça veut dire quoi ? Est-ce que ce titre donne la définition et l’esprit du nouvel album ?
Je me suis inspiré de cette chanson qui s’appelle justement « Ali E Radici » (des racines et des ailes), où je témoigne de cette façon de vivre qui est la mienne actuellement. « Des racines et des ailes » ou « Des racines ou des ailes », tout dépend de la façon de l’interpréter : mon âme est partagée, je ne sais pas si je dois m’arrêter, me lancer dans une nouvelle histoire avec une femme ou bien être libre de vivre célibataire, comme aujourd’hui. Ailes ou racines, que choisir ? C’est un peu la situation que vivent tant de gens et tant d’hommes comme moi.

Des chansons comme Non Possiamo Chiudere Glio Occhi ou Nessuno Escluso ont-elles été écrites pour décrire de la colère ? Pour prendre position ?
Prendre position, oui, c’est-à-dire souligner les problèmes actuels et tenter de les résoudre. On ne peut ignorer la maltraitance des enfants, des femmes, le fait que l’on vive sur une planète qui est en train d’éclater. Alors plutôt que de toujours se réunir, de faire le G1, G2, G3, G8, etc., essayons de résoudre les problèmes, essayons de faire quelque chose de concret. C’est un peu le message de cette chanson.

Un chanteur français à dit un jour que « toutes les chansons sont des chansons d’amour », êtes vous d’accord ?
Non. Car il y a amour et Amour. Si c’est « amore et cuore » (amour et coeur), la rime italienne typique, alors je ne suis pas du tout d’accord. Je mets dans chacune de mes chansons beaucoup d’amour et de passion. Mes chansons parlent un peu de tout, pas seulement d’amour.

Pensez vous que l’italien est le langage idéal pour chanter des chansons d’amour ? Plus que l’anglais ou l’espagnol ?
Je ne sais pas… je ne peux pas me prononcer dans la mesure où je ne chante pas en anglais. En tout cas, les grandes chansons d’amour chantées en anglais ont gagné l’estime du monde entier. L’italien est certainement une langue très particulière, pas si facile à parler, et pour nous, italiens, une chanson chantée dans notre langue fait plus d’effet qu’en anglais.

Que représente la France pour vous ? Un souvenir du public français ? De vos concerts français ?
Mon plus beau souvenir, c’est justement l’un de mes tout premiers disques, que j’ai chanté au festival de San Remo, et qui a connu un grand succès en France : Una storia importante. J’ai ce souvenir gravé en mémoire, car la France a été, avec l’Allemagne, l’un des premiers pays à accepter ma musique et à l’apprécier, ce dont je suis très reconnaissant.

L’album a été enregistré à Los Angeles où tu as travaillé par le passé avec les meilleurs musiciens. Qu’est-ce qu’ils apportent à ta musique et à ton univers ? Est-ce que tu essayes de leur expliquer ou bien les laisses-tu venir avec leur propre sensibilité et leur interprétation ?
Je pense que la musique est un langage précis. La musique et ses notes sont les mêmes partout et chacun les interprète à sa façon. J’ai toujours voulu que mes albums soient différents les uns des autres, entre autre en travaillant avec des artistes américains et en les mélangeant à mes racines, en mixant mon côté italien à leur gout. Je ne dirais jamais par exemple à Michael Landau, un des plus grands guitaristes au monde, ce qu’il doit faire. Il écoute les chansons, s’il les aime c’est encore mieux (et cela semble être le cas), ensuite il ajoute sa touche. Sinon, je le ferais à la maison, tout seul. Ce qu’il y a de plus important c’est de mixer ma culture avec celle des musiciens américains.

La pochette de l’album a été faite par le célèbre photographe Bruce Weber. Comment était-ce de travailler avec lui ?
Après toutes ces années on a enfin réussi à travailler ensemble. Ça s’est très bien passé, je n’ai eu aucune difficulté à bosser avec lui. Je pensais que cela allait être difficile, mais tout s’est bien passé. Vous savez, travailler avec de vieux appareils photos à l’ancienne plutôt que du digital est formidable, car l’image a l’air plus réelle. Il est l’un des meilleurs dans ce registre. 13/ Avec les années qui passent, le succès que tu as eu, trouves tu que c’est plus facile d’écrire des chansons ou au contraire que c’est plus difficile ? Vous savez, c’est surtout difficile. Il y a tant de gens, tant de jeunes qui écrivent, il y a de plus en plus de musiques et d’artistes qui sortent… Ce n’est pas toujours facile de garder un pied dans le présent et un autre dans le futur. C’est difficile, mais c’est l’instinct qui, selon moi, prend toujours le dessus, non ? Et tant que la voix, l’envie et la créativité sont là, rien n’est impossible.

LES ALBUMS DE EROS RAMAZZOTTI SONT DISPONIBLES ICI

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