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Femi Kuti « No Place For My Dream »
Femi Kuti de retour avec un album militant
Deux ans après « Africa For Africa », manifeste sonore panafricain, politiquement radical, Femi Kuti est de retour dans les bacs avec « No Place For My Dream ».
No Place For My Dream est un regard panoramique sur un monde en plein bouleversement, Femi en donne un reflet particulièrement pénétrant sur The World is Changing où il évoque un destin planétaire chaque jour plus unifié par la montée spectaculaire de la pauvreté et la généralisation des catastrophes écologiques de grande intensité. Car plus qu’un cheval sauvage, c’est une lame de fond qu’il entend étriller sur cet album. Celle qui détruit la vie de millions de gens en les privant d’emploi et de ressources (No Work, No Job, No Money); celle qui met à nu l’incurie d’une classe politique essentiellement soucieuse de pérenniser ses privilèges alors que ne cesse d’augmenter la souffrance des peuples qu’elle gouverne (Politics Na Big Business, Nothing To Show For It).
Il y a vingt ans de cela, Femi écrivait une chanson pour évoquer le combat de son père (Fela Kuti) qu’il avait vu traqué comme un animal par les séides d’un régime militaire ayant fait du roi de l’afro beat l’ennemi public numéro 1. Cette chanson, No One Man Show, il ne l’enregistre qu’aujourd’hui, sur son nouvel album, afin d’honorer la mémoire de ce combattant pour la justice et la liberté que fut Fela mais aussi parce que lui-même est passé par les mêmes épreuves, a connu les mêmes moments de doute, enduré la même solitude.
No Place For My Dream prouve au moins que Femi a pu compter sur le soutien d’une formation, Positive Force, considérablement rajeunie et jamais aussi efficace. Seule intervention extérieure, Hervé Salters, leader de General Elektrics, et ami de longue date qui œuvrait déjà dans l’album « Soki Shoki », a posé quelques lignes de claviers ici et là. Qu’il s’agisse de vigueur rythmique ou d’incandescence des cuivres, la musique produite sur cet album sert parfaitement le propos de plus en plus véhément d’un artiste en état d’urgence qui gravit un nouvel échelon dans l’excellence, marquant sa volonté de faire entendre sa voix, et à travers elle celle des sans voix, pour nous aider à avaler la pilule amère.