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Programme Montreux Jazz Festival 2015
Légendes vivantes et générations montantes à Montreux
A la veille d’un demi-siècle d’existence, le Montreux Jazz Festival confirme son attachement au dialogue entre les musiques. Ce 49e programme, sculpté avec précision, annonce 16 jours intenses et rassembleurs, du 3 au 18 juillet 2015.
Cette année l’Auditorium est emmené par des duos d’exception cette année ! Le la est donné par un choc de charismes très chic avec Lady Gaga & Tony Bennett, ou quand le crooner swingue avec la diva déjantée sur une collection triomphale de standards. Certaines amitiés sont décisives, quand on sait l’épopée musicale et politique qui lie les brésiliens Caetano Veloso & Gilberto Gil. Une complicité historique à quatre mains s’exprimera entre les deux orfèvres pianistes Chick Corea & Herbie Hancock, 36 ans après leur unique duo à Montreux en 1979… La fraternité musicale sera d’un autre genre mais pas moins chimique avec les Chemical Brothers. Elle sera aussi de sang, puisque toute La Famille Chedid a décidé sur un coup de tête de tourner ensemble. Ils seront réunis juste avant Zaz, produite par le fidèle ami du Festival, Quincy Jones, dont Montreux est la seconde maison. Si la relation est forte avec George Benson, on peut la qualifier de fusionnelle entre le Festival et Santana.
Et puis les retours sont de taille cette année: Toto, Sinéad O’Connor, Lenny Kravitz, Jackson Browne, et Lionel Richie. Les retrouvailles soul risquent d’être émouvantes avec D’Angelo, après 14 ans d’absence. Mary J. Blige, Damien Rice et Portishead ne sont, eux, jamais encore venus à Montreux. John Legend, Alabama Shakes, Emeli Sandé, Paolo Nutini et Melody Gardot se chargeront du renouveau du R&B, de la pure soul et du jazz vocal pendant que les riffs du tout jeune Benjamin Booker feront grimper une fièvre rock rétro. Et comme il s’agit là de guitare, la soirée de clôture sera dédiée à feu Paco de Lucía.
Au Montreux Jazz Club, on sait désormais que le jazz vit dans son élément. Avishai Cohen et David Sanborn l’ont inauguré il y a deux ans : ils reviennent. Ce sera au tour du saxophoniste Joshua Redman ou de l’oudiste Dhafer Youssef de le tester cette année, mais aussi d’Al Jarreau, plutôt habitué des grandes salles. Il offrira à 350 privilégiés une occasion exceptionnelle de l’écouter au plus près. Dianne Reeves, dont le dernier passage à Montreux remonte à une décennie, viendra présenter son nouvel album.
Dans le registre vocal, Ruthie Foster et Lizz Wright font aussi partie des chanteuses sémillantes de cette édition. Ce soir-là, le gabarit de Christian McBride rivalisera avec sa propre contrebasse. L’ancien tromboniste de James Brown, Fred Wesley, jouera avec ses New JB’s, et Jason Moran compte bien réifier en partition énergique, et peut-être même en masque, le maître-provocateur Fats Waller, dans une ode au Harlem des années 30. Autre bel hommage, celui de Hugh Coltman à Nat King Cole.
Le Club est aussi propice à la recherche de nouveaux territoires musicaux : c’est l’objectif de la rencontre entre la paire rythmique jamaïcaine Sly & Robbie et le trompettiste norvégien Nils Petter Molvaer. L’avant-veille, le Kronos Quartet se sera frotté aux sonorités maliennes du Trio Da Kali. Et puis, grande fierté montreusienne, l’inédit Montreux Jazz Academy Project : trois des jeunes talents participant à ce programme automnal auront l’honneur de se produire avec leurs mentors Bugge Wesseltoft, Eric Truffaz et Yaron Herman.
À quelques gammes du jazz, le Club reste un écrin adapté pour des chanteurs-compositeurs tels que James Vincent McMorrow, ou encore Anna Calvi, dont la présence scénique est un frisson électrique. Enfin, quelques benjamins bluffants de talent comme Rae Morris ou The Staves, se bousculent au portillon : et avec la soul rétro de Leon Bridges, Otis Redding n’est pas très loin…
Pour leur part, les programmateurs-équilibristes du Montreux Jazz Lab sont à l’écoute des sonorités galopantes du moment, avec comme mot d’ordre la diversité des genres et une intuition qui donne envie de crier: « À nous les petits anglais ! ». En outre, la prolifique scène britannique est fort bien représentée cette année avec pêle-mêle Sam Smith, coqueluche quadri-grammisé, et une garnison de compatriotes parmi lesquels George Ezra et sa folk de vagabond romantique à voix grave, les nappes de James Blake, le Gainsbourg UK Baxter Dury, les chevauchées électro-fantastiques de Hot Chip ou les remixes dorés de leur ancien camarade d’école Jamie xx, échappé pour l’occasion de son bastion éponyme. Kwabs pour la soul british, la pop de The Kooks et le rock de Foals, Alt-J pour les pérégrinations amoureuses, ou encore l’écossais fracasseur de beats hip-hop de l’écurie Warp : Hudson Mohawke. Le Lab se fait le relais de jolies découvertes, avec en primeur à la conférence de presse le machiniste-multi-instrumentiste Jack Garratt. Et puis les trois qui montent, qui montent avec leur synthpop gloire aux années 90 : Years & Years. Mais le talent ne vient pas que d’Outre-Manche…
Côté continent c’est une Sophie Hunger électrique qui revient à Montreux avec son quatrième album. La jeune scène française est expérimentale : il faudra se laisser dompter par les études et breaks musicologiques de Fakear, les harmonies des frangines franco-cubaines Ibeyi, et deux témoins de l’explosion des groupes en « et » : Oscar and the Wolf juste avant Lilly Wood & the Prick, doubles merveilles mélancoliques.
Le reggae a son nouvel étendard en la personne de Protoje and the Indiggnation. Amateurs de hip-hop US, c’est au tour d’A$AP Rocky de secouer la Riviera vaudoise. Les électroniciens redoutables du Lab se nomment SBTRKT, Fritz Kalkbrenner ou encore Maya Jane Coles. Si les corps dansants des plus valeureux résistent aux assauts lusophones du Buraka Som Sistema, alors seulement pourront-ils se laisser pirater par la claque de contre-culture sud-africaine Die Antwoord…