rap-rnb
Programme Montreux Jazz Festival 2016
Patti Smith, Neil Young, Avishai Cohen à l'affiche du Montreux
Le programme de cette édition anniversaire du Montreux Jazz Festival est construite comme un écho à l’épaisseur historique de la manifestation suisse. Dense, vivante, cette 50e proposition se décortique dans les détails. Elle est jalonnée de nombreux projets et plateaux spécialement imaginés pour l’occasion, conjuguant de grandes amitiés artistiques à la fraîcheur de nouvelles promesses musicales.
À Montreux, chaque soirée compte. Sur l’étendue de ses 16 jours, la programmation est pensée et montée en plateaux, avec comme objectif la recherche de substance, de liens cohérents dans ses trois salles de concerts. Tout commencera avec la présence de Charles Lloyd pour une Opening Night au Casino Barrière, salle sacralisée, partie en fumée sur l’eau en d’autres temps, réinvestie cette année afin d’accueillir le tout premier jazzman américain venu au Festival en 1967. Il jouera avec son nouveau quartet : Jason Moran, Reuben Rogers et Eric Harland. Ce soir-là, Monty Alexander, fort bien accompagné lui aussi, revisitera son bien nommé album phare enregistré en 1977, « Montreux Alexander ».
Au Stravinski, l’inénarrable Quincy Jones dirigera une soirée hommage à ses liens fraternels avec le Festival avec le Pepe Lienhard Big Band, qui mélangera des artistes de toutes générations. Comment ne pas me re à l’honneur les rêves brésiliens avec un concert transgénérationnel de haut vol ? Puisque le coeur de Montreux a toujours été auriverde, se succéderont sur scène entre autres Maria Rita, fille d’Elis Regina, João Bosco, Ana Carolina et Vanessa Da Mata… Angélique Kidjo, fidèle amie de Montreux, sera entourée par Aṣa, le Trio Teriba, Lura et la voix sans pareil de l’ivoirienne Dobet Gnahoré, pour une carte blanche African Women All-Stars.
Le mélange des genres chéri par le Festival ne pouvait rêver meilleure incarnation pour son ouverture que la personnalité stratosphérique de la chanteuse Anohni, (fka Antony Hegarty, ex-leader d’Antony and the Johnsons), suivie par des bouffées d’Air frais. On trouvera dans cette salle à l’acoustique impeccable des plateaux particulièrement édifiants : deux amies au rock ciselé : Patti Smith et PJ Harvey ! Sigur Rós en compagnie du projet atomique de Mogwai; l’envoûtante Lana Del Rey présentera son nouveau protégé Max Jury. Irrésistible. Une soirée au firmament du jazz avec le trio John Scofield, Brad Mehldau et Mark Guiliana, batteur génial présent sur l’album ultime de Bowie, suivis par John McLaughlin. Où, ailleurs qu’au Stravinski, Buddy Guy et ZZ Top partageraient la scène pour satisfaire les bluesmen purs et durs ? De majestueux retours : Van Morrison, Simply Red, la présence pour la première fois en 15 ans de Neil Young, ainsi que Jean-Michel Jarre, jamais encore venu à Montreux. Et puis des histoires de famille, bien sûr : Lisa Simone viendra vernir, avant Jamie Cullum, son nouvel album dans les lieux où sa mère Nina fut reine implacable.
Plus proche des origines du Festival que jamais, le Club se fait le trait d’union entre des masters of jazz et la nouvelle garde de ce e musique qui irrigue toutes les autres. La présence du pianiste sage aux doigts démesurés, Randy Weston, avec son African Rhythms Quintet, est un cadeau d’anthologie. Les formations lumineuses s’enchaîneront avec des musiciens tueurs-nés, tels Steps Ahead ou Volcan, le Chico Freeman Quintet, le duo Kenny Barron & Dave Holland, le guitariste jamaïcain de génie Ernest Ranglin et son entourage sidérant dont Cheikh Lô, Tony Allen et Courtney Pine. C’est sans compter une grappée dorée d’anciens complices de Miles Davis réunis: Mike Stern, Bill Evans, Darryl Jones et Dennis Chambers.
La scène latin jazz cubaine est particulièrement bien représentée avec notamment Harold López Nussa Trio, The Alfredo Rodriguez Trio, Richard Bona et son band Mandekan Cubano, Gonzalo Rubalcaba au sein du projet Volcan, ou encore Aruán Ortiz ouvrant pour sir Weston. Le genevois qui a conquis New York, Grégoire Maret, jouera la veille du trompe iste Avishai Cohen. Côté francophone : Manu Katché, François Lindemann et le prolifique projet French Jazz Quarter qui rassemble la clique du meilleur cru français : l’expatrié Hugh Coltman avec Airelle Besson, Emile Parisien, Vincent Peirani, Thomas Enhco, Thomas Bramerie et Anne Paceo.
Au Lab, les concerts sont minutieusement assemblés. Au Lab, l’injonction des programmateurs est au plaisir de la découverte. C’est la ligne de ce e salle féroce, autour de noms qui dévissent déjà les émotions : M83, Beirut, Grimes, Other Lives, Mac DeMarco, Kurt Vile & the Violators, et la crème déshydratante du thrash metal Slayer avec Meshuggah, lesquels tournent très peu cet été. Le Lab 2016 est fortement marqué par le hip-hop avec la paire américaine du moment Future précédé d’A$AP Ferg, les sensations du rap français Nekfeu, PNL, l’afro-trap survolté du petit prince du 19e, MHD, ou d’autres qui montent comme Vald et Georgio. Pour s’a arder sur l’Hexagone, il est un plateau fantastique réunissant les voix cristallines de Jeanne Added, Lou Doillon et la sensation rock Feu! Chaterton.
Les musiques électroniques sont légion et se goûtent au sens large : les fameux maîtres en la matière que sont DJ Shadow, Moderat, Laurent Garnier, et Four Tet passent le témoin des beats à Gramatik, Flume, Floating Points ou parrainent les expérimentations minimales des islandais Kiasmos et du français Petit Biscuit. Des voix, bien assises comme Nathaniel Rateliff and the Night Sweats, Glen Hansard, se feront l’écho profond d’autres en pleine actualité : Ry X, HÆLOS, Daughter et le psyché rock hallucinatoire des Allah-Las. Deux nouvelles trouvailles enfin, venues de lointaines contrées comme l’australien Ma Corby ou Aurora, qui sont à éprouver urgemment.