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Yuri Buenaventura Cita con la luz

Yuri Buenaventura Cita con la luz

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Voilà enfin le cinquième album de Yuri Buenaventura en douze années. Celui de la sérénité, sans forcer sur le surrégime, simplement chic, sans choc et simplement intitulé « Cita con la luz ».

Douze stations, plus une cachée, d’un disque essentiellement concocté entre sa Colombie natale, à Bogota, et… c’est nouveau… Cuba. CaliCuba, pour résumer ! Yuri s’y affirme bien plus qu’un salsero, tout simplement un chanteur, avec des climats qui confinent au jazz et à la ballade, avec même escapades hip hop ou folk, le résultat de rencontres hardies. Avant de pénétrer cet univers moiré, un résumé des épisodes précédents, histoire de « cadrer » l’incadrable diablotin.

Sur ce nouvel album, Yuri Buenaventura se raconte beaucoup ! Il l’avoue, il s’est longtemps enfoncé dans la fête, son démon créateur, c’était les brumes de l’alcool. Sorti de ces vapeurs, Yuri a complètement écrit l’album dans sa terre de Buenaventura, il s’est enfermé deux mois durant dans une chambre avec balcon qui donne sur la mer, avec les allers et venues des pêcheurs, revenant au réel… Normal, on a tendance à se croire au paradis… Son défi : le concevoir avec les gens de sa région. A commencer par José Aguirre, complice de toujours, musicien et surtout arrangeur de haute volée, qui anticipe les fulgurances de Yuri. Entre La Havane, Bogota (et un peu Paris).

« Cita con la luz » s’ouvre sur La Hamaca de la noche  un piano mélodique aux accords jazz, comme pour prendre ses distances avec la «salsa dura» de l’album antérieur, mais pour revenir à un mood salsa plus serein. Comme Ruben Blades, l’immense salsero panaméen et sa «Rosa de los vientos» en 1996, Yuri prend ses marques dans le monde latin, au-delà des étiquettes.

La Cita est une chanson dédié à son grand-père, est une sorte de « son cubano » rustique qui devient guajira, avec le très (la petite guitare cubaine) qui baguenaude de Pancho Amat, « ze » virtuose du genre. Le titre Caminamos est une perle de bolero à deux voix (et bilingue), rencontre fulgurante de simplicité avec la chanteuse folk US Morley, un peu comme si dans le passé Joni Mitchell et Ruben Blades s’étaient croisé. Une ballade jazzy dans sa princière nudité avec quartet d’élite cubain, dont le maestro pianiste Ernan Lopez Nussa (pionnier du groupe Afrocuba) et le batteur Enrique Pla (poumon du mythique orchestre Irakeré).

No le puedo recordar est un bolero qui commence à l’harmonium (le premier instrument qu’ait pratiqué Yuri) devient guajira, ce rythme cubain indolent et hypnotique qui vous aspire… Alors que Te fuiste, à l’origine, est une chanson nostalgique sur rythme de danzon, inspirée par une sorte de solitude océanique, est devenu un duo en espagnol, en l’occurrence avec Olivia Ruiz, native de Carcassonne mais, ne l’oublions pas, d’origine espagnole. Un cousinage ibérique, en somme.

Si tu estas aqui est un autre duo bilingue, en français et espagnol cette fois, avec la voix pop susurrante de Berry, un peu Charlotte un peu Brigitte, sur tempo bossa. Une première pour el Señor Buenaventura, fan de toujours d’Astrud Gilberto, Tom Jobim, Caetano Veloso, Gilberto Gil. « Je ne viens pas de la Caraïbe mais d’une fucking jungle où on a survécu, un peu comme les Brésiliens, et puis le Brésil en France, c’est d’une féminité caressante« , commente t’il. Mais le thème tourne au Cubain seventies, avec clavier vintage et guitare. On repasse in extremis de l’Amazonie à la Caraïbe.

La chanson Vuelo est un jambù, ce vénérable rythme cubain lent qu’affectionnait Chano Pozo, le king de la percu afro-cubaine des année 50, d’où une intro… frappante, vite renforcée d’un imposant mur cuivré avec cinq saxophones, comme en son temps Mario Bauza. Sur Como la maleza, c’est un violoncelle qui ouvre le chemin soyeux, repris par une flûte butineuse, une contrebasse toute en rondeurs, le piano mutin d’Ernan Lopez Nussa et les timbales du mythique Changuito, frappeur d’élite de Los Van Van. Le tout sur canapé velouté d’un quatuor à cordes, avec chœur conquérant. Très proche de Ruben Blades, dans l’esprit comme dans la montée de tonus. Album plein de contraste puisque Se me fue la vida ressemble (thématique comme cuivres) à du Willie Colon et Hector Lavoe, les bad boys de la salsa. Lavoe, son maître chanteur, le sonero tragiquement disparu, « un type sain mais rouillé à l’intérieur », commente Yuri. Un tempo lascif mais tellement enivrant ! Tout comme Amor eterno qui est un thème enregistré en Colombie, avec combo jazz : le tiple (cousin colombien du très, la petite guitare cubaine) de José Aguirre, fidèle compagnon de route (et arrangeur) de Yuri, un solo de guitare jazzy dû à Gabriel Rondon, plus le doux drumming du Cubain Horacio El Negro Hernandez qui vient donner une note inter-latine à cette belle ballade.

Valle de rosas, s’ouvre avec un tapis piano-violoncelle, n’a pu s’enregistrer qu’en Colombie, vu l’intensité de son message interne. Eh bien non, c’est à La Havane que le thème a été mis en boîte, avec notamment le toucher jazz d’Ernan Lopez Nussa et la frappe minimale d’Enrique Pla. Enfin l’album se fini sur Los Cobardes, « les lâches », une incitation à se… lâcher, pour, justement, une descarga, jam session en version latino. Dix minutes qui tournent au frénétique, emmenées par le bouillant batteur cubain Horacio El Negro Hernandez, histoire de rappeler, en post scriptum, que la « salsa dura » de son précédent album fait toujours partie du patrimoine de Yuri Buenaventura.

LES ALBUMS DE YURI BUENAVENTURA SONT DISPONIBLES ICI

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