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L’Original Festival : Un cru comme on n’en attendait plus
L’édition 2017 de l’Original Festival s’offre un bon millésime et vous donne rendez-vous en 2018.
La semaine passée s’est tenue la quatorzième édition de l’Original Festival à Lyon, qui nous a pondu une programmation bien équilibrée, où tous les profils d’aficionados ont pu glisser leurs petons dans de confortables pantoufles.
Après une première soirée hostée par un Dj Shadow tout ce qu’il y a de plus classique, Médine a imposé son colérique album, « Prose Elite », le vendredi soir, avec une force tantôt intimidante tantôt violente, bref, qui ne laisse pas indifférente. Un artiste taillé pour la scène, dynamique, communicatif et réactif, au rap on ne peut plus contemporain : mélange de beats tendances aux drops faciles et de propos saignants – pas si subversif l’homme. Obsédé par l’idée d’un futur social pacifié, mais qui peine à se délester d’un présent saturé de complexes du passé, Médine a représenté avec brio de sa belle verve et de sa plume tranchante, une rage parfois ambiguë mais dont l’objectif reste la lutte pour le réel.
Ce deuxième soir au plateau si diversifié que la moitié de jauge manquait de cohésion, reste surtout marquée par Delinquent Habits quand la vedette était donnée aux jeunes d’Underachievers. Les angelins de Delinquent Habits ont en effet montré qu’ils ne manquaient aucunement de pêche – comme on le craint souvent avec cette ancienne génération d’américains – et ont enchaîné leurs titres comme s’ils les interprétaient pour la première fois avec une malice tout enfantine.
Connectés avec le public et spontanés, si les sourires sincères se sont figés sur la face de chacun lors de ce plateau old school, on ne peut pas en dire autant du jeune duo d’Underachievers qui n’était pas à la hauteur de l’enthousiasme que les lyonnais étaient prêts à leur offrir.
C’est avec regret et quelque crainte pour cette nouvelle génération, que ces derniers ont vu débarqué AKTHESAVIOR et Issa Gold, absolument désintéressés du concert, et qui semblaient cruellement ne pas se soucier de la salle, jamais sollicitée, ni saluée et encore moins impliquée. Le duo a enchainé ses titres froidement, sans qu’aucun mouvement de foule ne se déclenche vraiment avec coeur. Pour les plus mentaux, il fallait donc fermer les yeux, se concentrer sur le son et s’extasier comme on l’aurait fait à la maison. Underachievers a donné la triste image de jeunes pédants, venant machinalement donner une date pour faire un billet, et n’ayant que faire de laisser un public désappointé et définitivement sur sa faim.
Cette bonne édition de l’Original Festival s’est achevée sur un samedi idyllique avec, pour commencer, un Lcysta fort de tous ses récents succès, puis un Gros Mo puissant et très salué du public, bien que manquant de coffre et de fond – compte tenu de ses débuts – et qui assume parfaitement le rôle du divertissement pur, sans réflexion autre que la recherche du plaisir sans entrave.
Enfin, le jeune et ultra confirmé Mac Miller a tout bonnement déclenché une onde de choc devant un public légion, empressé de se transcender sur les sons de ce pennsylvanien proactif qui cultive divinement la science du classic. Il est de ces artistes qui parviennent sans grande peine à toucher quelque chose d’aussi universel que même le novice s’en trouve immédiatement séduit.
Une soirée réussie qui a fédéré un public aux profils et âges très différents, et qui a marqué les esprits autant que les corps dans une fosse large qui s’est transformée rapidement en piscine où il faisait bon vivre. L’Original Festival s’est achevé malgré tout sans discours mais sur un souvenir chaleureux, voire tropical.