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Kyle Eastwood : In Transit
In Transit : le nouvel album du fils de Clint Eastwood
Depuis son apparition sur la scène jazz internationale au milieu des années 90, c’est avec un mélange bien à lui d’indépendance, d’élégance, de ténacité et d’humilité que Kyle Eastwood, ne se fiant finalement qu’à ses intuitions et son goût très sûr, a entrepris de tracer son propre chemin dans le foisonnement des genres et des styles constituant désormais cette musique.
Enregistré en avril 2017 au Studio Sextant La Fonderie à Malakoff par l’ingénieur du son Vincent Mahey, ce nouvel album intitulé « In Transit » (comme pour mieux affirmer le processus d’évolution permanente dans lequel Eastwood a désormais embarqué sa musique ?), s’inscrit sans ambiguïté dans cette continuité en reprenant les mêmes ingrédients et les mêmes acteurs (à l’exception du batteur Chris Higginbottom, nouveau venu dans l’équipe) pour mener l’ensemble encore un peu plus loin dans le sens de la cohésion organique et de la création « partagée »…
Au cœur (plus qu’à la tête) d’une petite formation composée de musiciens soudés par une même conception de la musique et des années de complicité (le pianiste Andrew McCormack et le trompettiste Quentin Collins participent de ce projet depuis près d’une douzaine d’années maintenant tandis que le saxophoniste Brandon Allen, dans l’aventure du quintet depuis « Timepieces » donne l’impression d’y être engagé de toute éternité tant son style ancré dans le blues, chaleureux et lyrique, est au diapason de ses partenaires), Kyle Eastwood, signe ici un disque d’une grande maturité sous sa simplicité apparente, offrant une sorte de synthèse tout sauf conceptuelle de ses territoires idiomatiques en une musique à la signature sonore de plus en plus immédiatement identifiable.
A partir d’une sélection de thèmes au charme immédiat, mêlant avec un grand sens de la dramaturgie reprises de standards immortels de grands noms du jazz (de Blues In Hoss‘ Flat de Count Basie au Boogie Stop Shuffle de Charles Mingus (magnifiquement ré-arrangés par Allen) en passant par l’énigmatique We See de Thelonious Monk) et compositions originales mettant en valeur les talents d’écriture de chacun des membres du quintet de façon individuelle mais aussi collégiale (Rush Hours, Rockin’ Ronnies), Eastwood joue la carte d’une musique à la fois personnelle et anonyme, actuelle et intemporelle, totalement spontanée dans son expression et dans le même temps constamment consciente de son héritage.
Invité à s’intégrer au quintet sur quatre morceaux (dont le très beau Love Theme du film « Cinema Paradiso » composé par Ennio Morricone), le grand saxophoniste alto italien Stefano Di Battista enrichit la pâte sonore de la formation du lyrisme incandescent de son style généreux fondé sur un engagement physique et émotionnel total, tout en orientant insensiblement la musique vers ses propres références (de Cannonball Adderley à Jackie McLean). Une façon pour Kyle Eastwood d’ouvrir son univers sur de nouveaux horizons et de continuer ainsi à avancer dans son exploration toujours plus fine et intime de cette musique dont la richesse n’est décidément pas prête de s’épuiser…
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