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Retour sur le concert de Doxx au Bizarre de Vénissieux
Le Bizarre de Vénissieux a mis une nouvelle fois le rap à l’honneur avec le concert de Doxx ce vendredi.
Le Bizarre de Vénissieux s’exemplarise encore dans la représentation de toutes les cultures rap avec Doxx qui s’y est produit vendredi. Le très jeune rappeur inspiré par les rois du genre comme feu XXXTentacion, a présenté son dernier projet « Dans la tempête », le quatrième en une année. Déjà des classiques pour la dernière génération.
La soirée a commencé par le show de Nedelko, dernier poulain de l’Animalerie lyonnaise, qui a donné un bon concert pour d’humbles débuts, mais qui n’était pas forcément bien positionné vis à vis de la cible du concert, peut être trop jeune et trop dans l’expectative pour adhérer pleinement.
Une interview sur le pouce a permis d’apprendre que Nedelko est un rappeur parisien qui a spontanément démarcher l’Animalerie. L’intuition dit que ce jeune homme ne deviendra pas une youtubeuse beauté. Il y a été accueilli bras ouverts par Oster Lapwass. L’artiste passe sa vie entre Paris et Lyon désormais et a mis la musique en priorité.
En produisant Nedelko, Oster Lapwass montre encore son savoir jongler entre les styles tout en restant un. Sa prod épouse la planète Nedelko comme elle sait toujours raviver l’esprit Animalerie au moment nécessaire, comme une carte magique qu’on sort d’un chapeau.
Si les très riches heures du rap lyonnais sont passées et que le presque silence laisse place à la nostalgie, l’espoir n’est pas mort avec ce nouveau cycle et ces nouvelles têtes, avec un artiste de niche comme Nedelko, ou encore, avec le très bon et moins complexé qu’avant Robse qui gagné l’équipe ces dernières années.
Nedelko a bien un univers, paradoxal puisque plein de pudeur et de confidences à la fois. C’est une bulle cérébrale et aérienne dans laquelle il faut s’immerger pour en sonder correctement la profondeur. Bien enfant de sa génération, Nedelko parle de la matière, de l’énergie sans pour autant s’évanouir dans le cosmos, il parle des gens, de lui, un lui tout sauf nourri de superficialité ou de lieux communs. Scotché sur le dire, la fixette du papier palpite : des textes complexes où la syntaxe est sublimée et le vocabulaire soigné. Rappé et parfois slamé, il semblerait, un peu de chant sans cours et l’on sent déjà le beau timbre qui ne demande qu’à prendre confiance en lui.
Nedelko séduit du haut de ses 24 ans avec son album « Rhéologie ». L’aide inopinée de membres de l’Animalerie pour finir son concert en feu de joie était bien nécessaire pour se connecter au public très jeune, naturellement sceptique, qui devait être plein d’énergie pour la suite.
Des recettes ne changeront jamais et marcheront toujours comme celle de Doxx, jeune rappeur classé Lo-Fi qui vient de Moselle. Peu importe comment on appelle ça dans le rap, Doxx est un jeune romantique qui mi-rappe mi-chantonne sur des mélodies lentes dont les basses vous pénètrent, puis, vous explosent les cotes.
Chaque époque ses idoles et Doxx, seulement 22 ans, ne s’arrêtera pas d’en être une puisqu’il a quelque chose d’assez inné pour tenir le public, essentiellement féminin, tout aussi fleur bleue que lui. Doxx sait très bien faire ce qu’il fait. Il ne cache pas qu’il est ému sur scène quand on l’acclame. Touchant. Ses chagrins amoureux déclenchent l’ardeur puis font rêver, les joints qu’il fume comme tout le monde font écho au mal être adolescent, bref, le public connait toutes les paroles par coeur.
Parents ne vous inquiétez pas si votre enfant écoute du Doxx. Vous avez surement été aussi la groupie de quelqu’un ; il y a bien plus trash à attendre que ça. Il y des références à des questionnements morbides de teenagers, certes, mais qui ne feront pas plus de mal que ça. Doxx met en avant des valeurs plus positives que l’inverse. Il est toujours agréable de voir les premiers concerts aussi intimistes qu’en ébullition d’un artiste qui en fera de beaucoup plus importants d’ici peu d’années.