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Flavia Coelho de retour avec l’album « DNA »
Trois ans après « Sonho Real », Flavia Coelho est de retour avec un nouvel album baptisé « DNA ».
Au cour de sa carrière, Flavia Coelho a déjà remplit un Olympia, tourne partout, de l’Afrique au Canada en passant par l’Europe. A chaque tournée, cette Carioca dans l’âme ramène avec elle des sons, des couleurs, des envies différentes. Ces horizons lointains ont nourri « DNA », l’album à la fois le plus personnel et le plus universel de Flavia Coelho.
Enregistré entre le Quartier Latin et le Var, les deux studios de Victor Vagh-Weinmann, il brille par son hybridité musicale. Le baile funk y croise la trap et les musiques caribéennes, la cumbia y est réinventée, le hip hop épouse le reggae, l’Orchestre de chambre de Paris passe dans les parages. Le tout porté par une impressionnante volonté pop.
Ainsi, sur le titre Levanta Dai, elle partage sa conscience du monde et, faisant référence au Venezuela comme au Brésil, l’importance qu’elle accorde à l’empathie. Citade Perdida dénonce l’aberration de la corruption de Rio. Ce morceau a nécessité des centaines de prises tant il tenait à cœur de Flavia, qui a directement vécu ces injustices.
Le morceau titre DNA offre une magnifique ode à la tolérance. Pour Flavia qui a longtemps eu l’impression de « n’appartenir à nulle part », d’être trop blanche, trop indienne ou trop noire, il faut accepter les mélanges de notre sang. Avec la chanson Billy Django, elle imagine une personne qui pourrait enfin contrer la politique actuelle d’un Brésil schizophrène. Une personne et non un homme ou une femme, souligne-t-elle : comme elle le chante dans Menino Menina (« Garçon Fille »), les libertés du genre et du sexe sont primordiales. La violence envers les homosexuel.le.s ou les trans, Flavia en a été témoin de longues années, dans le milieu où travaillait sa mère comme dans son entourage proche.
Nosso Amor (« Notre amour ») raconte précisément et encourage ceux qui pourraient avoir du mal à assumer leurs amours, quelles qu’elles soient, au grand jour. L’amour, justement, reste l’un des thèmes de prédilection de Flavia. On l’entend sur Vem Chamegar (« Enlace-moi »), où « la poésie éveille » autant que les sentiments, No Baile (« Au bal funk »), qui raconte les nuits festives de pères qui n’ont pas oublié d’être des hommes, De novo de novo (« Encore et encore ») qui s’interroge sur le concept d’alter ego tandis que Manda a Boa (« Je ne vais pas me venger ») revient sur la notion de pardon : « si on se désintoxique des mauvais sentiments, on peut plus facilement être solidaire de l’autre ». Cela semble vital en écoutant Página (« La page se tourne »), analysant l’ingratitude ou l’hypocrisie sonnant le glas d’une amitié.
Face aux méandres de l’actualité politique brésilienne, la parole de la plus française des chanteuses brésiliennes s’est libérée. Et toujours en portugais, sa langue maternelle. De plus en plus recherchée lorsqu’on sait, rappelle malicieusement Flavia, que Madonna l’emploie sur son dernier disque en date ! Un nouveau chapitre s’ouvre avec « DNA ». En témoigne aussi la photographie de sa pochette shootée par Youri Lenquette, connu pour avoir tiré le portrait de Kurt Cobain peu avant sa mort. Elle montre une chanteuse souriante, naturelle, soustraite aux retouches, une femme qui se ressemble plus que jamais, tout en parlant à tous.